Elle marche, méfiante, dans cet endroit fantasmagorique. Elle ne sait pas où elle est. C’est le silence total autour d’elle. Il n’y a personne. Puis, d’un coup, une musique, elle se retrouve sur un éléphant géant, richement décoré. Il y a un monde fou autour d’elle, des gens sans visages. Elle ne comprend pas ce qui se passe. L’éléphant avance sous une musique joyeuse et sous l’acclamation du public sans visage. Elle regarde autour d’elle, confuse. Soudainement, la musique change de ton. L’éléphant s’arrête brusquement et elle tombe de son dos. Elle se retrouve à terre, l’éléphant a disparu. Les gens s’approchent d’elle et la portent. Elle se retrouve soulevée dans les aires. D’un coup, ils la jettent. Elle se retrouve en chute libre, mais elle ne panique pas. Elle atterrit sur un siège qui s’actionne directement. Ceinture et c’est partie, la montagne russe peut commencer. Elle est emmenée en haut, en bas, lentement, rapidement, à travers les loopings. Ce manège n’a aucun sens, mais elle ne ressent rien, ni peur, ni angoisse, ni colère. Elle se sent bien. Le manège s’arrête abruptement, la projetant de nouveau à terre. La musique change encore. Elle se fait menaçante. Quelque chose de sombre approche au loin. La foule est de retour. Maintenant, les gens ont un visage. Des noms : angoisse, dépression, anorexie, boulimie, phobie, haine, échec, erreur… Ils sont tous là, en colère contre elle. Elle se lève, ils s’approchent. Alors elle sait, au ton de la musique, qu’elle doit se mettre à courir. Elle court, le plus vite qu’elle peut, la foule à ses trousses. Les gens transportent avec eux fourches et torches allumées. Ils veulent lui faire du mal. Il y a des choses abominables sur la route. Elle se voit, elle-même, partout, en train de se mutiler, à moitié brulée, un trou dans la tête, la peau sur les os. Vision horrible, insupportable. Enfin, elle arrive au pied d’une montagne. La seule chose qui lui reste à faire, si elle ne veut pas que la foule l’attrape c’est de grimper. Alors elle grimpe, encore et encore. La montagne parait sans fin. La foule la talonne de près, toujours en colère, se faisant de plus en plus menaçante. Elle grimpe encore et toujours jusqu’à enfin voir le sommet de la montagne interminable. Elle y arrive, soulagée et se remet à courir. Elle voit le bout, une falaise. Elle ne ralentit pas, au contraire, elle accélère. Voilà son échappatoire. Elle arrive au bout et sans hésitation saute dans le vide. Elle est enfin libre.
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