Chaque été, Suzette Garnier avait l’habitude de délaisser pendant deux mois son petit appartement confortable parisien pour se rendre dans la petite maison de campagne de ses parents à Celles, en Belgique pour y passer les vacances en famille. Étudiant à l’étranger, elle n’avait que très peu d’occasion de s’y rendre et de voir ses parents. Suzette aimait sa famille et venait avec plaisir passer ses deux mois chez eux, ainsi qu’avec son frère et sa sœur. On n’aurait pu penser qu’une jeune fille de 20 ans ne saurait que faire de la campagne et préférerait nettement sa petite vie de Parisienne. Mais, ce temps passé à la campagne lui permettait de se ressourcer et de s’échapper à tout ce stresse que lui causait sa vie quotidienne. Elle pouvait s’y reposer, loin de tout et ça après une longue et difficile année passée à étudier, ça n’avait pas de prix.
Suzette préparait ses nombreuses valises pour rentrer chez elle. Son appartement était silencieux si ce n’est pour le bruit de radio qui était allumé dans le salon. La jeune étudiante n’y vivait pas seule, mais ses deux colocataires avaient déjà quitté les lieux pour également retourner chez eux. Il ne lui restait plus énormément à faire, le plus gros avait été bouclé la veille, il lui restait simplement à vérifier que tout était en ordre et elle serait prête pour son départ du lendemain. Elle vérifia une dernière fois pour voir si elle avait tout ce qu’il lui fallait, boucla sa dernière valise avec un peu de difficulté et la déposa avec le reste de ses valises. Il était à présent assez tard et la jeune fille commençait à fatiguer, de plus, elle devait se lever tôt pour prendre son train, elle décida donc d’aller se coucher immédiatement après avoir encore une dernière fois vérifié que tout était en ordre.
Le lendemain matin, Suzette se leva de bonne heure et se prépara rapidement. Aujourd’hui, il n’y aurait pas de prise de tête avec sa tenue, ce sera short en jeans et top blanc avec un gilet à zipper blanc également et des baskets bien confortable. Ses cheveux châtains-clairs resteraient lâchés sous une casquette. Une fois prête, elle se saisit de ses nombreux bagages, elle avait toujours cette fâcheuse tendance à emporter de trop avec elle, ce que sa mère lui reprochait souvent, et elle quitta enfin son appartement en veillant bien à le fermer à clé derrière elle, direction la gare.
Il lui fallait prendre le train tôt si elle ne voulait pas arriver trop tard chez elle. Car non seulement, elle devait prendre le train pour une durée assez longue en direction de la capitale Belge, puis un train pour Namur, ce qui allait également prendre pas mal de temps, mais en plus de ça, il lui fallait ensuite encore prendre un taxi pour se rendre dans le coin perdu dans lequel sa famille résidait. Il n’y avait pas de gare à proximité, c’était donc assez difficile de s’y rendre autrement.
Quand elle arriva à la gare, elle se rendit immédiatement au quai duquel son train partirait. Il ne devait plus tarder. Elle patienta quelques minutes avant que celui-ci ne pointe le bout de son nez. Elle y entra et trouva un compartiment vide pour s’y asseoir. Suzette était pressée de rentrer chez elle, cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas vu toute sa famille réunie. Ses études occupant la plupart de son temps, elle n’avait que très peu l’occasion d’effectuer ce long trajet. Le trajet passa relativement vite pour la jeune fille qui s’était endormie pendant la plupart. Arrivée à la gare, elle reprit ses nombreuses valises et se dirigea vers la sortie. Après ça, elle partit à la recherche de son second train, qui arrivait juste quand elle montait sur le quai. Ce trajet-ci sembla durer une éternité et elle fut soulagée quand elle arriva enfin à la gare terminus. Il lui fallut à présent trouver un taxi qui daignerait bien l’amener dans le trou perdu qu’était son petit village, qui certes était magnifique, mais vivre isolé de tout pouvait aussi avoir ses inconvénients. Au bout de longues et pénibles minutes de recherche, elle finit par en trouver un et quand elle fut installée et ses valises posées dans le coffre, ils se mirent directement en route direction Celles.
La route lui sembla bien interminable et Suzette essaya tant bien de faire passer le temps en regardant à travers la fenêtre ou en discutant avec le chauffeur, mais rien n’y faisait, le temps ne voulait pas passer plus vite et elle dut se résilier à patienter. Champ après champ, maison de campagne après maison de campagne, ça en devenait presque lassant. Au bout d’encore une heure de route, elle pouvait enfin apercevoir la grande maison de ses parents, un sourire s’étira sur ses lèvres, elle ne l’avouerait jamais à ses parents et d’ailleurs certainement jamais à haute voix non plus, mais qu’est-ce que ça lui avait manqué.
Le taxi se gara et la jeune fille en sortie rapidement, heureuse d’enfin pouvoir se dégourdir les jambes après tout ce temps passé assise. La porte d’entrée du cottage familiale ne tarda pas à s’ouvrir à l’entende du bruit du moteur du taxi, en sorti déjà sa mère qui venait saluer sa fille, heureuse de revoir celle-ci après tout ce temps. Elle la serra fort dans ses bras, Suzette un peu plus réticente à répondre à son étreinte, n’aimant pas quand sa mère faisait ce genre de chose, mais elle y répondit néanmoins, heureuse de revoir sa mère.
- Ma chérie, qu’est-ce que tu m’as manquée ! S’exclama la mère, enlaçant très fort sa fille dans ses bras et lui baisant les deux joues.
- Maman, maman, tu m’étouffes ! Se plaignit la jeune fille
- Oh, excuse-moi ! Ça fait tellement longtemps, tu m’as manqué ma petite fille ! Dit-elle en prenant les joues de sa fille dans ses mains, geste affectueux qu’elle avait l’habitude de faire.
- Maman, j’ai 20 ans, je ne suis plus ta petite fille
- Tu resteras toujours ma petite fille, tu le sais bien ma chérie. Entre, entre, ne reste pas dehors, tout le monde est déjà là
- J’arrive, laisse-moi juste le temps de prendre mes valises.
Sur ces mots, la jeune fille se saisit de ses nombreux bagages que le chauffeur de taxi avait déposés près de la porte d’entrée, elle le régla et pénétra enfin dans la demeure familiale. Son père, un peu plus froid que sa mère, l’attendais près de l’entrée de la porte, il la salua d’un bref signe de la tête auquel elle répondit. Son père n’avait jamais été très affectueux avec ses enfants, mais disons que la mère, beaucoup plus affectueuse avait réussi à combler ce manque. Les deux époux étaient à l’opposé l’un de l’autre, il n’avait rien en commun et pourtant cela allait faire plus de vingt ans qu’ils étaient mariés et que cela se passait tout à fait correctement.
Elle laissa ses valises dans le hall, elle les monterait tout à l’heure, cela ne pressait pas et se dirigea immédiatement dans le salon, où son frère et sa sœur étaient installés sur le canapé. Mais elle s’arrêta au seuil de la porte, car à côté de sa sœur, se trouvait une personne ne faisant pas partie de la famille. Ce visage lui disait vaguement quelque chose, mais elle n’arrivait pas à se rappeler d’où elle connaissait cette personne.
C’était une jeune fille grande et fine aux cheveux blonds, longs et ondulés. Avec deux grands yeux bleus-clair et une fine bouche, une très jolie jeune fille, on pourrait dire. Elle devait à peu près avoir seize ans, peut-être un peu plus. Elle était assise là, le sourire aux lèvres, discutant avec sa sœur. Quand elles s’aperçurent de la présence de la jeune fille, elles cessèrent de parler, sa grande sœur, Madeleine, vint à la rencontre de sa petite sœur et la salua d’une bise sur la joue, son frère, Léo-Paul vint également saluer la jeune femme, un peu plus froidement également, d’une tape amicale dans la main. La jeune inconnue resta assise, regardant la scène. La mère les rejoint dans le salon, toujours aussi excitée d’avoir tous ses enfants réunis, cela faisait si longtemps que cela n’avait pas été le cas, tous étant très occupés par leurs études. Quand elle aperçut la jeune inconnue toujours assise sur le canapé, elle s’interrompit un instant et se saisit du bras de Suzette pour l’amené jusqu’à la jeune blonde.
- Suzette, tu te souviens de Lilou
- Lilou, la fille des Leblanc ?
- Oui, elle-même
- Je ne t’avais pas reconnu, c’est fou comme tu as changé
- Eh oui, elle a bien grandi n’est-ce pas, c’est devenu une jolie jeune fille !
La jeune fille sourit, elle n’avait pas du tout l’air gênée des compliments que lui payait Margueritte Garnier, la mère de Suzette, elle avait plutôt l’air d’aimer ça. Suzette fut surprise de la présence de Lilou Leblanc, la fille d’un couple d’amis proche de la famille, elle ne voyait pas trop ce que la jeune blonde faisait là, particulièrement sans la présence de ses parents. Lilou, après ces quelques compliments reçus de la part de Margueritte Garnier, se leva enfin pour saluer Suzette de d’une bise sur la joue, pendant que la mère était toujours en train de radoter.
- Et donc, comme je disais, notre petite Lilou ici va passer deux semaines à la maison. Annonça la mère de Suzette
- Deux semaines, mais pourquoi ? Questionna la jeune brune un peu trop brusquement
- Oh, un peu comme au bon vieux temps, tu te souviens, quand elle était petite et qu’elle venait passer le week-end à la maison.
- J’avais envie de revenir, ça m’avait manqué. Intervient Lilou pour la première fois depuis le début de la conversation.
- Okay…D’accord, bon bah, moi, je vais aller mettre mes valises dans ma chambre
- Oh ! attends, tu veux de l’aide ? Demanda sa mère. Léo Paul aide ta sœur à monter ses valises. Cria-t-elle
- Non, c’est bon, je vais me débrouiller toute seule, ça va aller
Et sur ces mots, elle quitta le salon pour retourner dans le hall et se saisir de ses nombreux bagages pour les monter dans sa chambre, avec beaucoup de difficulté tant il y en avait. Elle regrettait à présent de ne pas avoir accepté l’aide de son frère, têtue comme elle était. Quand elle fut enfin arrivée dans sa chambre, elle lâcha tout d’un coup et s’écroula sur son vieux lit confortable. Elle pensa à ce que sa mère venait de lui dire, Lilou, cette gamine de seize ans allait passer deux semaines ici, mais pourquoi ? Oh elle savait bien pourquoi, car la jeune fille était une pourrie gâtée qui obtenait tout ce qu’elle voulait de la part de ses parents et apparemment aussi de la part des parents de Suzette. Cette nouvelle ne la réjouit point, elle n’avait absolument pas envie d’avoir cette fille chez elle. Mais pour l’instant, une sieste s’imposait après un si long et fatiguant voyage, elle repenserait à tout cela plus tard.
La jeune étudiante dormant profondément fut réveillée par un atroce cri d’une voix féminine. Il s’agissait de Lilou qui lui criait dessus pour qu’elle se réveille, lui disant que le repas était prêt et de venir manger, ce qui agaça vivement Suzette. Déjà que l’idée que cette gamine venait passer deux semaines chez elle sans aucune raison valable ne l’enchantait pas, mais en plus si elle se comportait tout le temps ainsi, il risquerait d’y avoir des problèmes.
Elle se leva malgré tout, péniblement de son lit, se frotta les yeux des mains et descendit rejoindre sa famille et Lilou pour le diner du soir. Mais de nouveau, une mauvaise surprise l’attendait quand elle passa la porte de la salle à manger, Lilou était assise à sa place, à côté de sa sœur, ce qui agaça la jeune fille encore une fois. Cela pouvait paraitre puéril de s’énerver pour une place, mais c’était la sienne depuis toujours et cette intruse n’avait rien à y faire.
- Ça ne te dérange pas de t’asseoir au bout de la table, Lilou avait envie de s’asseoir près de Madeleine
- Et les désirs de cette précieuse gamine sont des ordres n’est-ce pas ? Marmonna la jeune fille tout bas.
- Tu dis ?
- Non rien, je vais m’asseoir là-bas. Dit finalement Suzette, s’asseyant au bout de la table.
Le diner se passa dans le silence, si ce n’était pour la mère de famille qui ne pouvait s’empêcher de parler, c’était une des qualités, mais aussi un des défauts de Margueritte Garnier. Elle parlait tout le temps, ce qui pouvait meubler les vides, mais cela avait aussi parfois tendance à agacer, car une fois qu’elle était partie, rien ne pouvait l’arrêter. Elle parlait, encore et encore, on pourrait même se demander comment elle ne venait jamais à manquer de sujets de conversation tant elle parlait. Ce trait, Suzette ne l’avait certainement pas hérité de sa mère, la jeune fille était plutôt de nature silencieuse, comme son père. Tout le repas se déroula ainsi, et c’était d’ailleurs comme ça tout le temps, Suzette et son père se muèrent dans un mutisme pendant que Margueritte faisait la conversation, son frère et sa sœur répondant occasionnellement de manière désintéressée à ce qu’elle disait. Lorsqu’elle eut fini de manger, Suzette ne prit même pas la peine d’attendre que tout le monde finît pour retourner dans sa chambre, Lilou l’avait irritée, elle n’avait plus envie de la voir aujourd’hui. Elle décida d’aller se coucher, en vue de l’heure tardive et de la grande fatigue qu’elle ressentait.
Le lendemain matin, encore une fois, elle fut brutalement réveillée, par la même pénible voix que la veille, celle de Lilou, mais cette fois-ci, la jeune blonde ne l’appelait pas pour manger, mais elle était en train de rire. Il n’était que huit heures et demi, ce qui était bien trop tôt pour Suzette. Elle se leva, brusquement et en colère, elle n’avait pas l’intention de laisser cette gamine lui gâcher ses vacances bien méritées. Elle se dirigea en furie vers la chambre de sa sœur, d’où provenait tout le bruit, à côté de sa propre chambre et ouvrit la porte d’un fracas.
- C’est pas fini tout ce bouquant oui, y’en a qui essaye de dormir ! Cria Suzette, plus qu’énervée
- Oh pardon, on voulait pas te réveiller. S’excusa Lilou
- Eh bien, c’est raté, allez faire du bruit ailleurs, moi, je veux dormir
- Oh, c’est bon, t’énerves pas comme ça, on s’amusait juste, puis il est grand temps que tu te lèves. Dit sa sœur.
- Grand temps que je me réveille, tu rigoles ou quoi, il est que huit heures et demi, on est en vacances, je te signale
- Et alors, c’est pas une raison pour dormir toute la journée
- Moi, je trouve que, justement, c’est une parfaite raison pour dormir toute la journée.
- Viens Madeleine, c’est pas grave, on va aller s’amuser en bas. Proposa Lilou
- Ouais, t’as raison, laissons cette rabat-joie tranquille
Les deux filles quittèrent la pièce et descendirent dans le salon, pour vaquer à leurs occupations. Seulement quelques secondes furent nécessaires avant que les rires ne reprennent de plus belle. Suzette, à présent bien réveillée et bien trop énervée pour retourner se coucher, décida d’aller se doucher et de se préparer pour la journée. Elle opta encore pour une tenue assez simple, consistant d’une large chemise blanche à manche mi-longue et d’un short en jeans taille haute dans lequel elle rentra l’avant de sa chemise. Elle attacha ensuite ses cheveux en une haute queue de cheval et elle fut fin prête. Elle décida ensuite d’aller petit-déjeuner, commençant à avoir faim, elle descendit dans la cuisine et se servit un bol de céréales, décidant de manger dans la cuisine plutôt que dans la salle à manger qui était jointe au salon, pour ne pas à avoir à supporter sa sœur et Lilou.
Elle ne fit pas grand-chose, en ce premier jour de retour dans le cocon familial. La majorité du temps, elle se retrouvait dans sa chambre, ou à éviter Lilou, qu’elle ne supportait déjà plus. Elle avait aussi passé une plus grande partie de sa journée à ranger les nombreuses affaires qu’elle avait amenées avec elle. Les vacances commençaient assez mal pour la jeune étudiante, elle ne s’attendait pas du tout à ce genre de mauvaise surprise en quittant son petit appartement parisien. Mais ce n’était que le premier jour, elle n’avait aucunement l’intention de laisser cette gamine lui gâcher ses vacances.
La première semaine en la présence de Lilou venait de s’écouler, et disons qu’elle n’avait pas été ce à quoi la jeune femme s’était attendue. Au début, cela avait été pénible, entre les rires de sa sœur et de Lilou qui la réveillait tous les matins durant les trois premiers jours du moins, et le comportement puéril des deux amies. Cela n’avait d’abord pas été simple à gérer, mais au fil des jours les choses s’étaient calmées. On pouvait même remarquer que la complicité entre la sœur de Suzette et Lilou commençait à diminuer. L’une se lassant de l’autre et l’autre se rendant compte de la différence qui régnait entre les deux. Cela arrangeait naturellement Suzette, qui avait dès lors pu retrouver un semblant de normalité et de calme dans sa petite vie.
Le lundi après-midi, Suzette revenait d’une virée shopping avec ses deux amies d’enfance Violette et Fiona. Elle pénétra dans la maison familiale et tomba sur Lilou seule, assise sur le canapé, l’air ennuyé, sa sœur nulle part dans les parages. Suzette savait qu’au bout d’une semaine, la relation entre sa sœur Madeleine et Lilou s’était un peu dégradée. Elle ne voyait plus les choses du même point de vue, sa sœur étant restée une grande enfant, Lilou étant plus mature, cela ne fonctionnait plus très bien entre elles. Elle n’était donc pas surprise de voir la jeune blonde seule ainsi, l’ennui visible sur son visage. Elle savait qu’elle n’aurait pas dû, mais Suzette prit pitié de voir ainsi Lilou se lamenter sur le canapé, elle décida d’aller lui parler.
- Tu n’es pas avec Madeleine
- Oh, non, je ne sais pas où elle est. Répondit lacement la jeune fille
- Tu veux monter avec moi dans ma chambre pour regarder un peu la télévision ?
- Euh… ouais d’accord
Lilou hésita un instant avant de se lever pour rejoindre Suzette qui montait dans sa chambre. La proposition de la brune avait un peu surprise la jeune blonde, c’est dire que Suzette n’avait pas été très chaleureuse envers Lilou durant cette première semaine, montrant régulièrement son irritation envers la jeune fille. Elle ne comprenait dès lors pas pourquoi elle lui avait fait une telle proposition. Mais elle décida néanmoins de la suivre, le sentiment d’ennui surpassant le tout. Les deux jeunes femmes se dirigèrent dans la chambre de Suzette, cette dernière posant ses nombreux sacs près de son lit King size.
- Tu as été faire les soldes. Demanda Lilou
- Yup
- Je peux voir ce que tu as acheté ?
- Euh, oui pourquoi pas
Suzette se saisit d’un sac et commença à montrer les différents articles qu’il contenait. Lilou regarda avec admiration les nombreux vêtements. La jeune fille aimait beaucoup la mode et faire du shopping était une de ses activités préférées, point commun qu’elle partageait avec Suzette qui ne manquait jamais une occasion pour remplir sa garde-robe. Elles entamèrent une discussion et se rendirent compte qu’elles n’étaient pas si différentes que ça, malgré la différence d’âge. Lilou se rendit compte que Suzette n’était pas aussi froide qu’elle l’avait cru et Suzette, quant à elle, se rendit compte que Lilou n’était pas aussi puéril qu’elle le croyait. Quand la jeune étudiante eut fini de montrer ses nouvelles acquisitions à la blonde, elles s’installèrent sur le lit et Suzette alluma la télévision.
- Tu veux regarda « Mon shopping parfait » ? Demanda Suzette
- Oh, oui ! Je veux bien ! J’adore cette émission ! Répondit Lilou, pleine d’enthousiasme
- Moi aussi !
Elles passèrent l’après-midi à regarder la télévision, dans un silence confortable, commentant occasionnellement l’émission qu’elles regardaient. Ce temps passé ensemble avait étonnement rapproché les deux filles. Suzette en était même venue à apprécier la compagnie de Lilou et c’était réciproque pour Lilou, qui avait passé une agréable après-midi avec la jeune étudiante.
- J’adore ta chambre, elle est vraiment cool. Complimenta Lilou aléatoirement dans la conversation
- Oh merci
- T’as vraiment plein de choses sympas !
- Tu trouves ?
- Oui, toutes tes chaussures, tes vêtements et puis, ta chambre est vraiment bien décorée
- Pourtant, tes parents t’offrent tout ce que tu veux, tu dois en avoir des fringues et des chaussures ?
- Oui, mais je trouve juste que chez toi, c’est plus cool
- Si tu le dis
- T’es vraiment jolie aussi
- Hum… Merci, toi aussi tu es jolie
- Merci, mais moi je ne me trouve pas si belle que ça, j’ai ce problème à mes lèvres
- Quoi comme problème, je ne vois rien
- Si, elles sont légèrement déformées
- Je ne vois rien moi, tu es très jolie comme tu es
- Merci, c’est gentil
Il s’installa entre elles un silence inconfortable qui fut bien heureusement brisé par la mère qui appelait tout le monde à table pour le souper. La remarque de Lilou avait légèrement déstabilisé Suzette, c’était venu comme ça sans qu’elle ne s’y attende, mais elle avait malgré tout accueilli le compliment avec joie, même si elle le dissimulait légèrement devant Lilou. La jeune étudiante ne savait pas non plus ce qui lui avait pris de répondre comme elle l’avait fait à Lilou, c’était sorti comme ça, mais elle avait été sincère.
A table, comme à son habitude, Margueritte Garnier parlait pour tout le monde, elle n’avait même plus besoin qu’on lui réponde tant elle parlait, elle laissait à peine la place aux autres de lui répondre. Enfin, s’ils le désiraient, car personne n’avait l’air d’avoir envie d’en placer une.
- Oh les filles, j’ai une splendide idée. Commença Margueritte. Et si on allait tous faire du shopping demain après-midi. Continua-t-elle.
- Moi, je suis pour. Dit Lilou
- Ouais, pourquoi pas. Répondit Madeleine sans grand enthousiasme
- J’ai déjà en faire aujourd’hui. Répliqua Suzette
- Mais viens quand même ça peut être chouette. Insista Lilou
- Bon d’accord. Finit par dire la jeune étudiante
- Bien sûr, je dis les filles, mais tu es également le bienvenu Léo Paul et toi aussi Philipe
- Sans façon pour moi. Refusa Léo Paul
- Non merci. Répondit quant à lui le mari de Margueritte
La conversation ou plutôt le monologue de Margueritte repris de bon train après ce petit aparté. Après cela, il ne se passa plus rien de bien excitant de la soirée, tout le monde était installé dans le salon pour regarder la télévision, activité qui s’avérait bien difficile sous les nombreux commentaires de Margueritte qui ne pouvait s’empêcher de commenter sur tout ce qu’il se passait.
Le lendemain comme prévu, les filles de la famille Garnier ainsi que Lilou partirent faire du shopping à l’avenue Bel-œil, endroit le plus propice pour faire du shopping ainsi que le plus populaire dans les parages. Elles s’y rendirent en voiture, ce n’était pas encore trop loin du coin perdu où elles habitaient. On y trouvait toutes les boutiques les plus populaires, ainsi que des prix très abordables, surtout en cette période de solde.
- Voilà, on est arrivée. Déclara Margueritte en fermant le moteur de sa voiture
- J’adore venir faire les magasins ici ! S’enthousiasma Lilou
- Moi aussi, il y a vraiment les meilleurs magasins ici ! S’exclama Suzette
Sur ces paroles, les quatre filles se mirent en route en direction de l’avenue de magasin. Trois d’entre elles étaient plus qu’excitées et heureuses, Madeleine, quant à elle abordait, un air blasé, visiblement très peu enthousiaste à l’idée d’être là. La journée allait être longue pour elle et elle ne se souvenait plus pourquoi elle avait accepté de les accompagner, elle n’aimait pas particulièrement sortir et encore moins faire du shopping. Son manque d’enthousiasme irrita un peu sa petite sœur qui aurait préféré qu’elle reste chez elle si c’était pour tirer la tête toute la journée.
Malgré l’humeur un peu grincheuse de Madeleine, tout le monde passa une bonne journée, Lilou et Suzette avait encore eu l’occasion de se rapprocher, se conseillant l’une et l’autre sur leurs nombreux essayages, elles s’étaient même acheté la même paire de chaussures, si c’est pour dire à quel point leurs goûts étaient similaires. Lorsqu’elles rentrèrent chez elles, Suzette et Lilou se dirigèrent tout de suite vers la chambre de la brune et s’installèrent pour comme la veille regarder leur émission préférée « Mon shopping parfait ». C’était un nouveau rituel qui s’était installé entre elles, on aurait pu dire qu’elle avait été amie depuis des années et on en oubliait même la différence d’âge qu’il y avait entre les deux filles. Madeleine, qui avait longtemps été la sœur préférée Lilou avait dès lors été oublié et remplacé. Au grand bonheur de cette dernière, qui ne se trouvait plus de point commun avec Lilou et qui était donc contente de s’en être débarrassée et de ne plus avoir à s’occuper d’elle.
Les deux filles étaient toujours dans la chambre de Suzette, la jeune blonde assise par terre contre la garde-robe, la brune allongée sur son lit King size. L’émission venait de se terminer, elles étaient en train de discuter de tout et de rien.
- Alors, t’as un petit copain ? Taquina Suzette en plein dans la conversation
- Euh…Oui. Rougit la jeune blonde
- Vas-y raconte !
- Il s’appelle Yannick, il est dans ma classe
- Et vous êtes ensemble depuis longtemps ?
- Oui, mais je pense que je vais le larguer
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Je pense que je ne l’aime plus
- Ah d’accord
- Et toi ?
- Quoi moi ?
- T’as quelqu’un ?
- Tu rigoles, j’espère, j’ai pas le temps pour ce genre de conneries
- Quoi ? Tu vas me dire que t’as personne
- Non, ça m’intéresse pas du tout
- Sérieux ?
- Non, franchement, je suis bien mieux seule
- T’as peut-être raison, on est bien mieux seule
- Mais oui, je te dis, tu es libre quand t’es seul. En plus, pourquoi à ton âge, on aurait envie de se caser ? T’es jeune, profites un peu
- Ouais, mais de toute façon comme je t’ai dit, je vais le larguer donc après je serais tranquille comme toi
- Et bah voilà
La conversation dériva sur d’autres sujets, sur la mode, une de leur passion commune, elles pourraient en parler pendant des heures. Suzette ne savait pas trop pourquoi elle avait lancé le sujet du petit copain, elle s’en foutait après tout de savoir si la jeune blonde était casée ou pas et surtout pourquoi ça lui avait fait plaisir d’entendre que Lilou allait laisser son copain, cela l’avait rendu un peu confuse. Mais elle ne laissa rien paraitre et continua la conversation comme si de rien n’était.
Il est vrai que les choses avaient grandement changé entre les deux filles et en si peu de temps, elles s’étaient énormément rapprochées et Suzette appréciait cette nouvelle complicité qu’elle partageait avec Lilou, sentiment réciproque du côté de la jeune blonde également. C’était un peu comme une bouffée d’air frais, c’était rafraichissant pour la jeune étudiante. Alors qu’elle avait d’abord cru que ses vacances seraient assez désagréables à cause de la présence de la jeune fille, à présent, Suzette en venait presque à regretter le peu de temps qu’il lui restait avec Lilou. Elle regrettait également de ne pas avoir appris à la connaitre plus tôt, au lieu de rester sur ses préjugés. C’était exactement la même chose du côté de Lilou, qui s’en voulait de ne pas avoir vu plus tôt quelle personne formidable Suzette était. Elle adorait tant passer son temps en la compagnie de la jeune étudiante et elle aimerait tellement augmenter la durée de son séjour pour profiter encore d’avantage de sa compagnie.
Cette nuit-là, Suzette partagea son lit avec Lilou, la jeune blonde ayant déclaré plus tôt que dormir dans la même chambre que Madeleine devenait de plus en plus inconfortable tant leur relation s’était dégradée. Suzette lui avait dès lors proposé de rester avec elle, son lit King size étant suffisamment grand pour accueillir deux personnes. Elles avaient parlé pendant une petite partie de la nuit, refaisant le monde, en apprenant d’avantage l’une sur l’autre, jusqu’à ce que Lilou s’endorme,
Le lendemain matin, Suzette se réveilla la première, à sa surprise, Lilou était enlacée auprès d’elle, ses mains autour de la taille de la jeune étudiante. Suzette resta perplexe un moment, ne sachant comment réagir, elle était d’autant plus perplexe que cette situation ne la gênait pas comme elle l’aurait dû. Elle trouvait cela même plutôt agréable d’avoir la jeune fille ainsi enlacée auprès d’elle. Elle ne savait pas ce qui lui prenait de penser ainsi, surtout envers une jeune fille de 16 ans, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle décida de ne pas bouger, pour laisser la jeune blonde dormir et pour profiter un peu plus longtemps de cette étreinte. Elles restèrent donc ainsi, jusqu’à ce que la mère de Suzette fît irruption dans la chambre de cette dernière. Elle ne put s’empêcher d’émettre un commentaire en les voyant ainsi.
- Eh bien dites-donc, on se rapproche fort ici à ce que je vois
- Chut ! Maman, tu vas la réveiller !
- Oh, mais de toute manière, il est déjà 10 heures, ce n’est plus l’heure de dormir
- Oui, c’est bon, on a compris, tu peux t’en aller maintenant
- D’accord, d’accord, j’ai compris, je m’en vais
Et sur ce, elle quitta enfin la chambre de la jeune étudiante, mais le mal avait été fait, car Lilou commençait déjà à se réveiller à cause du bruit qu’avait fait la mère. Quand elle se rendit compte de la position dans laquelle elle était, elle retira immédiatement ses mains de la taille de Suzette, ces joues prenant immédiatement une teinte rosée, visiblement gênée.
- Oh, pardon, je ne voulais pas… Balbutia la jeune blonde
- T’inquiètes pas, c’est pas grave, tu dormais, je comprends. La rassura Suzette
- Tu aurais dû me réveiller, je te dérangeais
- Mais non, je te dis que c’est bon, ça ne m’a pas dérangé, sinon, je t’aurais réveillé avant.
- D’accord
Lilou était tout aussi perplexe que l’avait été Suzette en découvrant la jeune blonde enlacée à sa taille plus tôt. Elle était naturellement gênée face à Suzette, mais ce qui l’avait rendu le plus perplexe était qu’elle s’était sentie bien dans les bras de la jeune étudiante. Si elle n’avait pas été aussi gênée, elle aurait bien laissé ses bras autour d’elle, enlaçant Suzette un peu plus longtemps.
Elles se levèrent après cet instant de gêne pour aller déjeuner, Margueritte avait comme à son habitude préparé un bon petit déjeuner copieux pour toute sa petite famille. Les deux jeunes femmes s’installèrent en face l’une de l’autre, Lilou baissant les yeux, n’osant pas croiser ceux de la jeune étudiante après ce qu’il s’était passé plus tôt. Le déjeuner se passe cette fois-ci dans le silence le plus complet. Margueritte ayant déjà déjeuner, elle n’était pas présente pour combler le grand blanc qui s’était installé à table. Puis, il manquait la moitié de la famille, Madeleine dormant encore et Léo-Paul étant retourné dans sa chambre pour petit-déjeuner, il n’y avait dès lors que les deux jeunes filles présentes à table. Et avec ce qu’il s’était passé ce matin, personne n’était prêt à briser le silence.
- On fait quoi aujourd’hui ? Demanda Lilou à Margueritte qui passait par là, brisant ainsi le lourd silence qui s’était installé dans la salle à manger
- Eh bien, nous sommes invités à déjeuner chez des amis proches de la famille
- Oh, c’est chouette ça
- Oui, tu vas voir, ce sont des gens très agréables et ils ont une fille de ton âge
- Super !
- Nous partons à 13 heures, soyez prête !
- D’accord
Sur ces mots, Margueritte quitta la pièce, laissant les filles seules à nouveau, dans le même silence pesant qui s’était réinstallé dès que la mère de famille avait quitté la salle à manger. Le reste du petit-déjeuner se passa ainsi, dans ce silence pesant. Lorsqu’elle eut fini, Suzette quitta la salle à manger et se dirigea immédiatement dans sa chambre pour se préparer, elle se saisit de quelques affaires et alla dans la salle de bain pour se doucher. Cela lui permettrait de bien réfléchir un moment à tout ce qu’il venait de se passer et à ce qu’elle ressentait. Lilou quant à elle, resta assise à la table de la salle à manger, ne sachant plus quoi faire ni où se mettre, elle se rendait bien compte que s’était absurde de se comporter ainsi, mais elle n’arrivait pas à passer à travers ce sentiment de gêne et surtout ce qu’elle avait ressenti la perturbait énormément, elle avait besoin de réfléchir à tout cela aussi.
Les deux filles ne s’adressèrent pas la parole de toute la matinée, s’évitant l’une l’autre, jusqu’à l’heure du départ chez les Fernandez, les amis proches de la famille Garnier. Tout le monde était réuni dans le hall prêt à partir. Quand tout le monde fut arrivé, ils se dirigèrent tous vers la voiture de madame Garnier. Suzette se mit devant, les trois autres dernière, le mari n’aimant pas trop sortir ne les accompagna pas. Une fois tout le monde installé, ils se mirent en route direction les Fernandez.
Ils ne mirent pas beaucoup de temps pour y arriver, un quart d’heure suffit, le couple d’amis n’habitait pas très loin de chez eux. Margueritte se gara et tout le monde sortit de la voiture. C’est Suzette qui sonna à la porte et ils furent, quelques secondes plus tard, chaleureusement accueillis par madame Fernandez, ou Yolanda pour les intimes. Yolanda, était une bonne vivante, toujours de bonne humeur, extrêmement gentille et généreuse, elle donnait sans compter, son mari, Sergio, quant à lui était un grand rêveur, toujours la tête en l’air, mais malgré tout très aimable. C’était un couple charmant, il avait trois enfants, Léo, Tiago et Lola, la plus jeune des trois du même âge que Lilou.
Tout le monde pénétra dans la belle petite demeure des Fernandez, se débarrant chacun de leurs sacs et vestes et se dirigeant immédiatement vers le petit salon charmant de la maison des Fernandez. Ils s’y installèrent tous, mais bien rapidement, Léo-Paul quitta le salon pour aller jouer à la console avec Tiago et Léo et Lilou, qui avait fait la connaissance de Lola, parti avec cette dernière dans la chambre de Lola. L’entente entre les deux avait été immédiate. Il ne restait plus que Sergio, Yolanda et les trois filles Garnier.
- Alors les filles, comment ça se passe les études ? Demanda madame Fernandez
- De mon côté, tout se passe bien. Répondit Madeleine
- Et toi Suzette ?
- Ça va, ça va, on fait comme on peut
- Elle a deux examens, Madeleine, elle a tout réussi
- Oh félicitation Madeleine, c’est bien ça
Et voilà, ça recommençait, le favoritisme dont faisait part madame Garnier envers sa fille ainée était repartie de plus belle. Elle avait cette mauvaise habitude de toujours plus valoriser Madeleine, peu importe ce que Suzette aurait pu faire, Madeleine avait toujours été la préférée. Cette journée allait être bien longue pour la jeune étudiante et elle en avait déjà marre, car ce n’était que le début, dès qu’elles étaient invitées quelque part, Margueritte faisait toujours l’éloge de son ainée au grand damne de Suzette qui était dès lors toujours dévalorisée.
Suzette décida d’aller dans le jardin où se trouvait déjà Lola et Lilou, pour échapper aux critiques et au sentiment d’inconfort qui s’était installé. Elle n’avait nullement l’intention de rester là, écoutant les louanges que sa mère portait envers sa sœur. Ce n’est pas que Margueritte n’aimait pas sa fille, c’est juste qu’elle avait toujours tendance à dévaloriser la jeune étudiante et il était clair également que Madeleine avait toujours été sa préférée.
Elle sortit donc dehors, où Lilou et Lola était assise sur les deux balançoires ou bout du jardin. Elle prit place sur une des chaises qui se trouvait sur la petite terrasse et observa les deux jeunes filles. Quand les deux remarquèrent la présence de la jeune étudiante, elles quittèrent les balançoires pour la rejoindre.
- Lilou m’a dit que t’avais pas de copain. Commença Lola
- Oui et alors ?
- Bah je sais pas t’es vieille, il serait peut-être temps d’en trouver un. Nargua Lola sous les rire de Lilou
- J’ai que 20 ans. Tu rigoles, j’espère. Et puis en quoi ça te regarde
- Mais même moi j’ai un copain !
- Et alors, je n’ai aucune leçon à recevoir d’une gamine de ton âge
- C’est vraiment triste, je trouve, à ton âge
- Et si tu la fermais maintenant salle gamine
- Ça t’énerver hein ?
- Pas du tout, tu n’es qu’une gamine de 14 ans, ton opinion n’a absolument aucune importance
- D’abord, j’ai 16 ans
- Eh bien bravo quel comportement puéril pour une fille de ton âge
- Je…Je
- Quoi t’as perdu ta langue gamine ?
- De toute façon, je m’en fou, t’es vieille et seule et c’est triste
- Si tu le dis salle gamine
Sur ces dernières paroles, Lola partit en colère pleurnicher chez sa mère. C’était décidément une mauvaise journée pour Suzette, d’abord sa mère et maintenant cette salle gamine de Lola. Elle ne se souvenait plus d’à quel point Lola était pénible. Il faut dire que ça faisait longtemps qu’elle n’était pas venue chez les Fernandez et Lola avait eu bien l’occasion de changer entre temps. Elle avait aussi été surprise et surtout déçue du comportement de Lilou, même si elle ne la qualifierait pas d’amie, elle pensait qu’elles s’étaient quand même un peu plus rapprochées, mais apparemment pas du tout en vue de la manière dont elle avait puérilement rigolé à toutes les remarques qu’avait faites Lola.
- Je ne pensais pas que tu étais à ce point puéril. Fit remarquer Suzette à Lilou qui était restée après que Lola soit partie.
- Je ne suis pas puérille
- Ah bon, parce que rire comme tu l’as fait, c’est pas un comportement de gamine
- Je… Je…
- Tu… Tu quoi hein, non vraiment je suis déçue, je te pensais mieux que ça
- De doute façon, j’ai aucun compte à te rendre, je fais ce que je veux
- Naturellement, tu es libre de faire ce que tu veux, mais si à 16 ans, tu veux te comporter comme une gamine, ça promet
- Pourquoi t’es si méchante avec moi ! J’ai rien fait moi !
- Parce que t’étais pas en train de te foutre de ma gueule y’a de ça quelques minutes
- Oh, c’est bon, c’était pour rire
- C’était surtout de mauvais gout et très puéril
- Arrête avec ça, je suis pas une gamine moi, j’ai un copain
- Oh woah, elle a un copain regardez-moi ça ! Ça rigole plus. Se moqua Suzette
- T’es vraiment méchante
- A qui le dis-tu ! Tu vaux pas mieux que moi
- C’est pas vrai
- Bref, arrêtons là, j’ai pas de temps à perdre avec ce genre de connerie
Après cette dernière remarque de la part de Suzette, un long silence s’en suivit, Lilou ne sachant plus quoi répliquer. Elles restèrent là à se regarder l’une l’autre. Lilou était un peu confuse à vrai dire, elle ne savait plus pourquoi les remarques de Lola lui avait paru si drôle il y a encore un moment alors que maintenant, elle voulait oublier ses moqueries. C’est que ce qu’elle avait créé avec Suzette pendant ces quelques jours lui plaisait beaucoup et elle regrettait dès lors de s’être moquée d’elle, alors qu’elle l’admirait. Suzette avait peut-être raison à son sujet, elle n’était qu’une gamine. Même si depuis l’incident de ce matin elle était un peu en froid, elle n’aurait jamais dû se comporter ainsi envers la jeune étudiante. Tout était si étrange d’un coup, les deux ne savaient plus comment se comporter l’une envers l’autre.
- Pourquoi tu m’ignores depuis ce matin ? Demande Lilou brisant le lourd silence
- Pardon ? Moi, je t’ignore ? C’est toi qui es bizarre depuis ce matin
- Je suis bizarre parce que t’es bizarre
- Rien à voir, c’est toi qui me parles plus depuis ce matin
- Je t’aurais parlé si tu m’avais parlé
- Si t’avais pas été si distante, je t’aurais adressé la parole
- Je pensais que tu voulais pas me parler à cause de ce matin
- Je t’avais dit que c’était pas grave
- Oui, mais bon…
- Enfin bref, c’est pas grave. Je vais rentrer à l’intérieur
Suzette délaissa Lilou qui avait l’air plus que perdu. Les deux jeunes femmes ne s’adressèrent plus la parole de toute la journée, ainsi qu’en soirée, quand ils furent rentrés. D’ailleurs, ce fut comme ça jusqu’à la fin du séjour de Lily chez les Garnier. Les deux filles se croisèrent sans jamais s’adresser un mot, cela laissait place à de nombreux blancs, par exemple quand elles se retrouvaient toutes les deux seules à la table du petit-déjeuner.
Nous étions à présent lundi et les parents de Lilou devaient arriver d’une minute à l’autre. Suzette était dans sa chambre en train de lire, se reclure dans sa chambre avait été son activité préférée depuis sa dispute avec Lilou, comme ça, elle pouvait mieux l’éviter. Elle était en plein dans sa lecture, quand quelqu’un toqua à la porte.
- Non maman, je n’ai pas de linge sale, tu peux y aller ! Cria Suzette
Mais la personne se trouvant de l’autre côté de la porte toqua à nouveau. Suzette se leva pour aller ouvrir la porte, à sa grande surprise, ce fut Lilou qui se trouvait plantée là à l’encadrement de la porte.
- Je peux entrer ? Demanda Lilou
- Euh, je suppose que oui
Suzette s’écarta pour laisser la jeune blonde passer. Lilou entra et resta plantée là au milieu de la pièce, elle avait l’air très mal à l’aise
- Je peux faire quelque chose pour toi ? Interrogea Suzette
- Mes parents vont arriver d’une minute à l’autre
- Je sais
- Je voulais pas qu’on se quitte comme ça. J’ai aimé passer du temps avec toi
- Moi aussi. Avoua Suzette
- Pourquoi tu m’ignores alors
- C’est compliqué
- Dis-moi ! Exigea presque la jeune adolescente
Sans crier garde, Suzette s’approcha de Lilou et la saisit par la taille avant de poser ses lèvres sur les siennes. Lilou resta rigide au début, avant de répondre au baiser et de l’approfondir en mettant sa main derrière la tête de Suzette. Au bout de quelques longues minutes, le baiser prit fin.
- Ça alors, si je m’attendais à ça ! S’exclama Lilou
- Ça n’avait pas l’air de te déplaire
- Loin de là, je crois que j’attendais ce moment depuis longtemps !
- Moi aussi, pour être honnête, ça commençait à me frustrer
Les deux jeunes femmes se regardèrent tendrement, Suzette vint poser le dos de sa main sur la joue de Lilou et se mit à la caresser. Elle partageait un beau moment de complicité quand il fallut qu’elles soient interrompues.
- Lilou, descends ! Cria madame Garnier. Tes parents sont là !
- J’arrive ! Répondit Lilou. On fait comment maintenant ? Demanda Lilou à Suzette
- On peut se revoir, on a toutes les vacances
- Oui, mais après ? Toi, tu repars à Paris et moi, je serais ici
- On improvisera, tu vas voir, on trouvera toujours une solution pour se voir
- Lilou, tu descends. Cria à nouveau Margueritte Garnier
- Oui, oui ! S’écria Lilou. Bon, je vais devoir y aller. A plus alors. Salua Lilou, l’air déçu
- Attends une minute
Suzette se saisit du bras de Lilou pour qu’elle se retourne et elles échangèrent un long baiser langoureux et plein de passion avant de se quitter. Quelques petits bisous un peu partout et une grande étreinte plus tard, les deux jeunes filles furent bien obligées de se séparer.
- Tu vas me manquer. Déclara Lilou
- Toi aussi, tu vas me manquer. Mais je t’assure, on se reverra.
- Bon, je vais y aller, je ne voudrais pas faire attendre mes parents plus longtemps. A plus
- Au revoir, ma belle Lilou
C’est avec regret que Lilou quitta la chambre de Suzette, sans savoir si elle y serait de retour un jour. Suzette la regarda partir sans rien dire, regrettant amèrement tout le temps qu’elle avait perdu. C’était déjà peut-être la fin d’une idylle qui n’avait duré que quelques instants.
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