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Photo du rédacteurAmy Roads

REBEL


Préquelle 


Cronos, ville sombre, très sombre, où la criminalité va bon train depuis de nombreuses années maintenant, sans que personne ne s’en préoccupe, ni justice, ni rien. C’était une grande ville au Nord des Etats-Unis, à la très mauvaise réputation. Il n’était pas considéré comme très bon d’y vivre. Les habitants y vivaient dans la peur, évitant les quartiers les plus mal famés pour ne pas s’y faire agresser. Il y habitait une série de personnages assez singuliers, qui ne prenaient pas en compte la loi. Cette ville faite de hauts bâtiments et de vieilles maisons où le soleil brillait rarement, faute d’un grand nuage gris de pollution produit par les nombreuses usines présentes dans la ville et recouvrant le ciel. 


Au sein de cette ville malsaine sévissait la très secrète organisation DIANE, nommée ainsi en célébration de la déesse romaine de la chasse du même nom. C’était une organisation entièrement féminine, où les hommes étaient mal vus et bannis. Elle enlevait des jeunes filles qu’elle qualifiait de spéciale, dès leurs plus jeunes âges et les élevait pour devenir des vraies guerrières, nommées les Amazones. Les transformant en vraie machine de guerre, les entrainant durement pour qu’elles apprennent à se battre, mais pas que. Elles étaient également entrainées à ne pas avoir d’émotion, les rendant très froides. Il fallait leur supprimer toute forme de distraction, c’est pour ça que leur seul hobby en grandissant devait être la pratique d’une forme d’art martial, ou l’apprentissage de l’usage du plus d’arme possible, pour en faire les guerrières les plus complètes. Elles étaient aussi des filles très instruites dans une multitude de domaines dont les langues, usant souvent de manipulation pour arriver à leur fin. 


Ensembles et cachées de tous, elles évoluaient dans différents secteurs, tout ça avec l’espoir de détruire tous les hommes puissants de la ville. Et quand tous les hommes puissants de Cronos seraient exténués, elles s’en prendraient aux hommes de l’état, et ensuite aux hommes puissants de tout le pays et pourquoi pas le monde entier si l'occasion se présentait. Tout ça dans le but de les remplacer par des femmes puissantes pour qu’elles puissent enfin prendre le pouvoir et faire régner le chaos. 


Mais loin est encore le jour où ce plan se concrétiserait, il y avait encore beaucoup de travail pour en arriver là. Pour le moment, DIANE s’occupait essentiellement de l’éducation des nombreuses filles qu’elle avait enlevé au fil des années. Mais il n’était qu’une question de temps avant qu’elles passent à la dernière phase du plan, la domination du pays et puis du monde entier. Les filles seraient prêtes d’ici peu et elles pourraient enfin passer à l’exécution de tâches plus concrètes.


Mais ce que DIANE ne savait pas, c’est qu’il y avait eu une faille chez l’une des filles, une mauvaise sélection. Dès lors, une des filles du nom de Daisy Hawkins avait commencé à prendre conscience de ce qu’il se passait et en secret, elle avait décidé d’élaborer un plan pour s’échapper. La manipulation avait fonctionné au début sur elle, mais en grandissant et en atteignant l’âge de 21 ans, elle s’est soudainement comme réveillée de cette hypnose. Elle ne voulait pas devenir une Amazone, elle s’est rendu compte qu’elles étaient mauvaises et que leur envie d’irradier tous les hommes puissants du monde était complètement irrationnelle. 


Elle réussit, au bout de quelques mois à rechercher une faille dans la sécurité de DIANE à s’enfuir en secret. Elle quitta Cronos pour se rendre vers la petite ville voisine de Little Harrington. C’était une petite ville joviale et très vivante où le bonheur régnait. Daisy s’y installa et s’y cacha un moment dans la peur. Il fallait qu’elle recommence sa vie à zéro dans cet endroit qu'elle ne connaissait pas. Et elle se promit, dès lors qu’elle fut livre de faire le tout pour le tout pour arrêter cette organisation une bonne fois pour toute. 


Elle avait été enlevée à l’âge d’un an et élevée comme les autres pour devenir une vraie machine de guerre sans émotion. Elle avait appris à manipuler et cacher ses émotions. Elle était maître en art martial, savait se battre comme personne et maitriser les armes à feu ainsi que les armes blanches. C’était un parfait petit soldat si on en oubliait sa soudaine prise de conscience, et elle avait un avenir très propice au sein de DIANE. Mais elle avait vu les choses autrement et maintenant elle était considérée comme l’ennemi numéro un de DIANE dès qu’il s’était aperçu de sa fugue. Mettant de côté leur soif de domination et de destruction de la gente masculine, DIANE s’était juré de la détruire dès qu’il l’aurait retrouvé. Elle avait dès lors envoyé plusieurs de leur meilleure cadette à sa recherche, ce qui ne s’avérait pas être une chose facile comme elle avait reçu ce qui pourrait être considéré comme le meilleur des entrainements. 


Chapitre 1 


Reprendre une vie normale s’était avéré bien difficile en fin de compte pour Daisy, surtout quand on était pourchassé par une organisation secrète de guerrière meurtrière. Cela faisait maintenant un an qu’elle avait réussi à s’évader. Après être resté quelques semaines à Little Harrington, Daisy avait daigné qu’il serait préférable qu’elle se trouve un lieu plus sûr pour se cacher. Elle avait donc voyagé de ville en ville, d’état en état, à la recherche d’un endroit où elle pourrait s’installer. Mais rien à faire, elle avait toujours dû fuir son chez soi, échappant de justesse aux Amazones. C’est ainsi qu’elle en était revenue à la case départ, à Cronos. Dans sa logique, il n’y avait pas de meilleurs endroits pour se cacher que dans cette ville miteuse. DIANE et ses Amazones ne la recherchaient pas là, ou du moins, elles auraient du mal à la trouver sous toute cette criminalité. 


Elle s’était installée depuis peu dans un petit appartement à l’aspect peu avenant qu’elle avait aménagé du mieux qu’elle put pour en faire un chez-soi confortable, tout en maximisant sa sécurité. Elle devait de toujours être prête à partir au cas où les Amazones la retrouveraient. Elle vivait cachée, dans l’isolement. La jeune guerrière avait commencé à s’habituer la solitude, il lui était impossible de se créer des relations. Le risque de mettre des personnes innocentes en danger était trop grand. De plus, elle était dans la permanente obligation de déménager régulièrement, ce qui ne lui permettait pas de rencontrer grand monde. Il ne fallait pas non plus oublier qu’elle avait été élevée pour être une machine de guerre manipulatrice et sans émotion et que socialiser était quelque chose qui lui était étranger. 


Elle vivait donc seul, dans un isolement presque total, si ce n’était pour les quelques personnes qu’elle fréquentait lorsqu’elle devait faire les courses, par exemple. Mais s’en tenait toujours au strict minimum, parfois allant même jusqu'à oublier les marques de politesse pour ne pas paraitre sympathique. De toute manière, dans une ville comme Cronos, les gens étaient pour la plupart infréquentable, il fallait mieux s’en tenir à soi-même. Elle gagnait son argent en trafiquant des comptes en banque pour remplir le sien, voilà une bonne chose qu’elle avait su retirer de son éducation au sein de DIANE, voilà une compétence qui s’avérait utile dans la vie de tous les jours. Elle ne manquait de rien grâce à cela et n’avait pas besoin de travailler pour subvenir à ses besoins, c’était plus pratique ainsi pour quelqu’un qui était constamment en fuite. 


Il faisait très sombre, les ténèbres engouffraient à nouveau l’entièreté de la ville. L’épaisse couche de fumée grise recouvrait le ciel, comme à son habitude. Daisy était dans son appartement, elle y passait la plus grande partie de ses journées, restant toujours attentive à ce qu’il se passait dehors, au cas où une Amazones déciderait de se pointer et d’attaquer. DIANE ne l’avait pas encore retrouvé, mais ce n’était qu’une question de temps, Daisy en était sûre, elle finirait, comme d’habitude, par retrouver sa trace. C’était ce pourquoi les Amazones avaient été entrainé.


Daisy était en train de nettoyer ses armes, il était important de les entretenir, elle n’était jamais à l’abri d’une attaque surprise et si une arme n’était pas bien entretenue, elle ne fonctionnerait pas adéquatement. Elle avait fait le plein d’armes à feu et d’armes blanches durant toute l’année qu’elle avait passé en fuite. C'était une chose nécessaire pour se protéger. Elle en était à son dernier pistolet, elle releva la tête pour regarder la petite horloge accrochée au mur, il était déjà une heure de l’après-midi, son estomac commençait à lui crier famine, elle n’avait encore rien avalé aujourd’hui, beaucoup trop occupée pour ça. Elle posa son pistolet sur la table basse et se leva pour aller voir dans son frigo s’il y avait encore quelque chose à se mettre sous la dent. Mais comme elle l’avait pensé, elle était à sec. Il arrivait régulièrement à l’ancienne Amazone d’oublier de s’approvisionner. Elle n’avait donc pas d’autre choix que d’aller faire les courses.


Daisy se saisit de son blouson en cuir noir beaucoup trop grand pour elle et d’un bonnet gris avant de prendre ses clés et de sortir de chez elle. Elle fit bien attention de tout fermer tout verrouiller à double tour, même si elle savait que si les Amazones avaient envie de pénétrer dans son appartement, elles ne se feraient pas prier. La jeune femme emprunta les escaliers en bois tout craquelé aussi vieux que le bâtiment et beaucoup trop étroits qui descendaient en spiral. Son appartement était au troisième étage. Une fois sortie dehors, elle fit bien attention que personne ne l’observait ni ne la suivait. Puis, elle se rendit immédiatement à l’épicerie la plus proche. Elle coupa par le parc, totalement abandonné, il y avait bien longtemps que les parents n'emmenaient plus leur progéniture dans cet air de jeu, l’estimant trop peu sécurisé et dangereux. 


L’épicerie était presque vide, paraissant presque glauque. C’était comme ça pour la majorité, si pas tous les commerces des alentours. Daisy ne put s’empêcher de penser que c’était une bien triste image. La ville était presque déserte de bon citoyen, ils avaient tous pris la fuite quand la ville était tombée dans la criminalité. Il était assez difficile de croire que ça n’avait pas toujours été comme ça, pourtant avant, Cronos avait été beaucoup plus fréquentable. La jeune femme s’empressa de sélectionner l’essentiel pour tenir quelques jours sans avoir à mettre un pied en dehors de son petit appartement miteux. Quand elle eut rassemblé le nécessaire, elle paya immédiatement à la caisse, sans même adresser la parole au vendeur. C’est qu’il avait une apparence peu avenante et n’inspirait pas du tout confiance. 


Daisy sortit rapidement de l’épicerie, un sac de courses rempli dans chaque main et elle s’empressa de rentrer chez elle. Le moins elle passerait de temps dehors, à la vue de tout le monde, le mieux elle se porterait. Elle reprit le même chemin, coupant à nouveau par le parc abandonné. La guerrière regardait devant elle, ignorant tout autour d’elle. Elle allait atteindre la sortie du parc quand elle entendit un cri. Sa curiosité piquée à vif, elle ne put s’empêcher de se retourner, cherchant du regard la source du bruit.


Elle assista de loin à une agression, un homme masqué, ne laissant apparaitre que ses yeux et sa bouche par trois trous étaient en train de s’en prendre à un jeune homme afro-américain. L’homme masqué tenait un pied-de-biche dans une de ses mains et menaçait le jeune homme qui avait l’air plus effrayé qu’autre chose. Daisy resta un moment à les regarder, puis comme si elle venait de sortir d’un long rêve, elle laissa tomber ses sacs de course et elle accourra auprès d’eux. La jeune femme les interrompit alors que le criminel allait frapper sa victime au visage avec son arme, lui réclamant qu’il lui donne son argent.   


- Hey toi  ! cria Daisy en arrachant le pied-de-biche des mains du voleur.


Elle balança la barre de fer plus loin sur la pelouse et se mit en position de combat, prête à se battre s’il le fallait. Le voleur d’abord surpris par la soudaine interruption, recouvra bien vite ses esprits quand il se rendit compte à qui il avait à faire. Daisy n’était, après tout, qu’une jeune femme à l’aspect fragile, d’un mètre soixante, elle n’avait pas l’air bien menaçante. Un sourire narquois apparut sur le visage du brigand.


- Oh, non maman j’ai peur, se moqua le bandit. Qu’est-ce qu’une gamine comme toi peut bien faire contre moi ?

- Attends, je vais te montrer  ! s’empressa de répondre Daisy.


Sans laisser à l’homme à la cagoule le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Daisy se lança sur lui, enragée lui faisant une prise de lutte qu’elle avait appris à DIANE, avant de le rouer de coup quand il fut à terre. Elle n’en eut pas encore terminé avec lui qu’il était déjà en train de la supplier d’arrêter. Pour éviter de le tuer et de s’attirer des ennuis, elle s’arrêta et immédiatement le voleur prit la fuite, pire qu’une poule mouillée, pensa la jeune fille. Elle se tourna vers sa victime, dès que leurs regards se croisèrent, il se mit sur ses genoux suppliant la jeune fille ne pas lui faire de mal. 


- Mais qu’est-ce que tu racontes, je viens de te sauver la vie  ! s’irrita Daisy. Allez, lève-toi, ordonna la jeune femme.


Il obéit tout de suite à Daisy et se mit à la remercier excessivement de lui avoir sauvé la vie. Le jeune homme se rua sur elle et en la prenant dans ses bras, ce qui n’était pas du tout au goût de l’ancienne Amazone. Elle le repoussa assez violemment en lui ordonnant cette fois-ci de se ressaisir. 


- Je… excuse-moi, finit-il par articuler.

- Tu ne devrais pas trainer ici, c’est dangereux, avertit Daisy.

- Je sais, mais ma mère m’a demandé d’aller lui chercher des œufs. Et l’épicerie près de chez moi est fermée alors je n’ai pas eu le choix, expliqua le garçon.

- Alors tu aurais dû t’armer.

- Qu... quoi ? Moi ? armé  ? Je ne sais pas me servir d’une arme.

- Eh bien, tu devrais apprendre, réprimanda Daisy. Surtout, si tu habites dans un trou comme celui-ci. Es-tu si inconscient que ça  ? 

- J’ai… j’ai déménagé ici il n’y a pas longtemps.

- Ce n’est pas une raison, tu dois connaitre la réputation de la ville ou alors tu as vécu dans une cave, coupé du monde jusqu’à présent  ! 

- Oui… Je… Je connais la réputation de la ville… Mais… J’ai cru que...

- Attends  ! Tu viens de me dire que tu venais de déménager ici  ? Qui diable voudrait s’installer ici ? Est-ce que ta famille et toi avez complètement perdu la tête  ? Vous êtes suicidaire, c’est ça ?

- C’est… C’est pour le travail de mon père.

- Bon qu’importe. Tu devrais rentrer chez toi, il commence à se faire tard, ce n’est pas prudent d’être dehors le soir. Bon vent, lança la jeune femme avant de se retourner, reprenant sa route pour rentrer également chez elle.

- N... non, attends  ! Tu vas pas me laisser tout seul ! s’étrangla le garçon.

- Je t’ai dit de rentrer chez toi  ! Et puis lâche-moi ! s’énerva Daisy.

- Mais… mais si jamais il revient, je fais quoi moi ?


Pour toute réponse la guerrière se saisit du pied-de-biche qu’elle avait jeté plus loin avant de le tendre au jeune homme et de lui lancer « tu frappes le premier ». Elle reprit enfin sa route, après ça, pour rentrer chez elle. Sur le passage, elle ramassa ses courses, traversa la rue sans se retourner une dernière fois dans la direction de la victime et pénétra à l’intérieur du vieux bâtiment délabré qui lui servait de logement.


Chapitre 2


Le calme était retombé dans le petit quartier où résidait Daisy depuis l’incident auquel elle avait assisté entre le jeune homme afro-américain et le bandit. Il faut dire que la jeune femme n'avait pas encore daigné nécessaire de sortir à nouveau. Elle était restée cloitrée chez elle durant toute la semaine qui venait de passer. Les rideaux fermés, la pièce où elle vivait plongée dans l’obscurité. Daisy faisait passer le temps comme elle pouvait, s’entrainant à toute sorte de choses en restant toujours alerte, par précaution. Il n'était qu’une question de temps avant que DIANE ne la retrouve. Même si elle s’était assurée en s’installant ici d’être tranquille pendant un petit moment, les Amazones finiraient par arriver. 


Daisy arrivait néanmoins à bout de ses provisions et il fallait bien aller se rapprovisionner. La guerrière se prépara donc à sortir à nouveau. Au bout d’une semaine, elle allait enfin revoir la lumière du jour, si on pouvait appeler le ciel constamment recouvert d’une épaisse couche de fumée grise ainsi. Prendre l’air ne lui ferait pas de mal non plus, restée enfermée ainsi allait finir par la rendre dingue. Quand elle fut prête, elle emprunta les escaliers étroits en spirale et sortit du vieux bâtiment. Elle n’eut pas posé un pied dehors, qu’elle fut brutalement accostée par nul autre que le garçon à qui elle avait sauvé la vie, en quelque sorte. Sur la défensive, Daisy empoigna brutalement du bras du jeune homme qu’elle retourna dans son dos pour le plaquer violemment contre le mur le plus proche.


- Non ! Attends ! Attends  ! cria le jeune homme.

- Toi  ! Mais qu’est-ce que tu fous là  ! Bon sang  ! s’écria Daisy. J’aurais pu te faire très mal.

- Tu aurais pu  ? Non mais tu rigoles, j’espère, tu m’as presque cassé le bras.

- Tu n’avais qu’à pas me prendre par surprise comme ça. Non mais tu es inconscient ou quoi  ! s’énerva-t-elle. Et puis qu’est-ce que tu fous là ?

- Je voulais te parler, ça fait une semaine que j’espérais te voir sortir.

- Ne me dis pas que ça fait une semaine que t’es planté ici  ?

- Bah, si… répondit timidement le jeune homme.

- C’est quoi ton problème ?

- J’avais quelque chose à te demander.

- Eh bien, quoi que ça puisse être, je n’ai pas envie de l’entendre

 ! 

À ces mots, la jeune femme reprit sa route, coupant par le parc, comme à son habitude pour se rendre à l’épicerie du coin. Aussitôt, qu’elle eut repris son chemin, le jeune homme se mit à sa poursuite. Daisy s’arrêta net dans son chemin, au milieu du parc, et se retourna vers lui. 


- C’est quoi ton problème, sérieusement ! Je t’ai dit de me lâcher.

- Écoute d’abord ce que j’ai à te dire.

- Qu’est-ce que tu veux à la fin. 

- Je veux juste que tu m’écoutes  ! 

- Bon d’accord, mais fais vite, j’ai pas que ça à faire.

- Eh bien… euh… c’est que…

- Oui bon, tu accouches ? 

- Eh bien, je me disais que tu pourrais m’apprendre à me défendre, balança-t-il d’une traite.

- Pardon ? s’étonna Daisy.

- Bah, oui, j’ai vu comment tu t’es battue. J’ai plus envie de me laisser faire surtout si je suis condamné à vivre ici.

- Mais t’as cru que j’avais que ça à faire.

- Allez  ! S’il te plait, supplia-t-il. J’ai vraiment besoin de ton aide.

- Je n’ai pas de temps à perdre avec ce genre de conneries. Je suis occupée.

- Ah oui, parce que, de ce que j’ai vu, t’es pas sorti de chez toi depuis une semaine, tu devais pas être si occupé que ça.

- Fais attention à ce que tu dis, gamin, menaça la guerrière.

- Je… Je m’excuse, mais tu pourrais au moins y réfléchir.

- Oh, mais c’est tout réfléchi, la réponse est non  ! 


Daisy, agacée, ne laissa pas le temps au jeune homme de répondre, elle repartit de plus belle et pénétra dans la petite épicerie. Cette fois-ci, il ne l’avait pas suivi. Elle s’empressa de choisir ce dont elle avait besoin, paya le vendeur, toujours aussi peu avenant et quitta l’épicerie. Mais elle eut une mauvaise surprise en sortant, le jeune homme qu’elle avait sauvé était encore là et il l’attendait. Daisy souffla bruyamment, c’est qu’il pouvait être pénible. 


- Je vais pas te lâcher, lui balança-t-il. Je viendrais tous les jours au pied de ton bâtiment et dès que tu sortiras, je serais là  ! 

- Bon, d’accord  ! abandonna Daisy. Si j’accepte, tu me lâches  ?

- Tu peux être sûre que je ne te dérangerais plus.

- Très bien, alors sois là demain à une heure pile et pas de retard. Sinon, tu ne rentres pas. J’habite au deuxième étage, première porte à ta gauche, dit-elle finalement en se retournant pour partir.

- Eh, mais attends  ! 

- Je croyais que t’avais dit que tu me foutrais la paix ?

- Je voulais juste savoir comment tu t’appelais.

- Daisy...

- Enchanté Daisy, moi, c’est Drew.


Après cette brève présentation, Daisy se retourna pour de bon et laissa le dénommer Drew en plan au milieu du parc. Elle était bien contente de s’être enfin débarrassée de lui. Même si elle avait dû, pour ça, faire une énorme concession. Cela ne l’enthousiasmait guère de devoir l’entrainer, mais bon, il fallait voir les choses du bon côté, ça lui changerait de son horrible et ennuyante routine qui s’était installé depuis un petit moment. Il fallait juste que DIANE lui foute la paix, sinon ça risquerait de dégénérer. 


Chapitre 3


Le lendemain, pile à l’heure, Drew sonnait à la porte de l’appartement de Daisy pour son premier cours privé. La jeune femme s’était empressée de ranger son appartement, elle avait bien fait en sorte de dissimuler les nombreuses armes qu’elle avait en sa possession. Même si vivre à Cronos justifiait la possession d’armes pour se défendre, en détenir une telle quantité pourrait s'avérer suspect. 


Le garçon sonna à 13 heure, comme le lui avait demandé Daisy. Elle alla lui ouvrir et le laissa entrer. Il était aussi enthousiaste qu’un gamin le veille de noël, tout à fait l’opposé de la guerrière qui arborait un air blasé et désintéressé sur le visage. Drew contempla un moment l’appartement miteux de Daisy, une expression de surprise sur le visage.


- Tu t’attendais à quoi  ? demanda la jeune fille quand elle remarqua le visage de Drew.

- Eh bien, c’est que… marmonna Drew.

- C’est bon, laisse tomber. Mettons-nous au travail  ! J’ai pas de temps à perdre.

Drew retira sa veste et la posa sur le vieux matelas qu’il supposa devait servir de lit à la jeune fille. Il eut à peine terminé que Daisy se jeta sur lui, se saisissant à nouveau de son bras, comme elle l’avait fait la veille, et le plaqua contre le sol, son visage s’écrasa à terre, elle posa un de ses genoux sur son dos et l’autre à côté de lui. 


- C’était quoi ça  ! cria Drew.

- Une attaque surprise, expliqua Daisy, comme si c’était logique.

- Et t’étais vraiment obligée de faire ça  !

- Tu voulais apprendre à te battre non  ? demanda la guerrière en se relevant. 

- Oui, mais pas comme ça  ! répondit Drew en se relevant également, endoloris.

- Ah oui et comment tu peux que je m’y prenne  ? 

- Bah, je sais pas apprends-moi des techniques ou je sais pas trop quoi.

- Mon Dieu, tu es vraiment désespérant.

- Mais on n’a même pas encore commencé.

- Exactement  ! souffla Daisy. Bon, je vais te montrer comment on fait.


Ils se mirent tous les deux au travail sitôt que Daisy eut terminé de parler. Et Dieu sait comme il y en avait du boulot. Drew ne connaissait strictement rien à tout ce qui était technique d’attaque et de défense. Le jeune homme avait toujours été de genre plus pacifiste, gardant tout conflit le plus loin possible de lui. Mais on va dire qu’il n’avait jamais eu à se battre non plus, ayant vécu à LIttle Harrington toute sa vie, cette ville était paisible et sans histoire. Mais en déménageant ici, à Cronos, cette ville sombre et dangereuse, il n’avait plus le choix s’il voulait y survivre. Il fallait qu’il apprenne à se battre.


Ils avaient passé tout l’après-midi à s’entrainer. Daisy avait d’abord enseigné à Drew les bases de la défense. Cela avait semblé essentiel à la jeune femme, vu le cas désespéré qu’était Drew. Le jeune homme avait eu beaucoup de mal à s’adapter. Il était novice, tout cela était inhabituel pour lui. Cela eut tendance à agacer la guerrière au cours de la journée. Elle n’aimait pas que les choses trainent, mais avec lui, elle avait dû faire preuve d’une vraie persévérance digne d’un moine bouddhiste. En échange, elle avait pu se déchainer sur lui, ne lui donnant aucune chance de la vaincre et le laissant endolori en fin de journée. Le garçon était certain qu’il aurait des bleus le lendemain, mais il persistait. Cette détermination plut à Daisy, même si elle ne lui avouerait jamais.  


Il commençait à se faire tard quand Daisy décida qu’ils en avaient fini pour aujourd’hui. Drew était exténué, il n’en pouvait plus et il avait mal partout. L’ancienne Amazone, par contre, était encore en pleine forme, on n’aurait pas su deviner qu’elle avait passé toute l’après-midi à se battre. Malgré la douleur, le jeune homme était fier de lui, il était loin de savoir se battre, mais il était à présent capable de mieux se défendre. 


- Bon, c’est tout pour aujourd’hui, annonça Daisy. Tu devrais rentrer chez toi, il se fait tard et on ne sait jamais sur qui tu peux tomber dans ce quartier à une heure pareille. 

- Oui, tu as raison, acquiesça Drew en avalant sa salive de peur.

- Ne me dis pas que t’as encore peur après tout ce que je viens de t’apprendre  ? 

- C’est que... On sait jamais ce qui peut arriver... s’embarrassa le garçon.

- Mon Dieu, ce que tu peux être désespérant, s’agaça la jeune femme.

- C’est pas de ma faute si j’ai vécu toute ma vie dans une petite ville paisible et que maintenant, j’habite dans le trou à rat le plus pourri et dangereux du pays.

- Tu finiras bien par t’y habituer.

- Je crois pas que ce soit possible.

- Bon allez, file, j’en peux plus de voir ta tronche.

- Toujours aussi sympa.

- Faudra t’y faire  ! 

- J’ai compris, j’y vais. On se voit la semaine prochaine, même jour même heure ?

- Oui, c’est ça. Tâche d'être à l'heure. Je ne tolère pas les retards ! avertit Daisy.

- Oui chef  ! se moqua amicalement Drew. 


Ne relevant pas la remarque du garçon, Daisy fit sortir Drew de son appartement, en lui claquant violemment la porte au nez. Elle n’en avait pas l’air, mais elle était épuisée. Drew n’était pas vraiment un cadeau. Il progressait lentement, très lentement et il parlait beaucoup trop au goût de la jeune femme. Daisy aimait le calme, certainement un héritage de son éducation en tant qu’Amazone. Elle n’était décidemment pas faite pour socialiser. 


Daisy alla se poster devant sa fenêtre. La jeune femme avait laissé les rideaux ouverts aujourd’hui pour laisser entrer un peu de clarté pour l’entrainement de Drew. Elle put l’apercevoir en bas, il venait de quitter son bâtiment, il avait l’air craintif, ce qui valut un haussement de sourcil de la part de la guerrière. Comment était-il possible d’être si peureux ? Pensa-t-elle. Voilà encore un héritage de son éducation au sein de DIANE. Elle avait été élevée comme une machine de guerre, il était normal pour elle de ne rien craindre. Contrairement aux gens normaux, comme Drew.


Elle observa la silhouette de Drew, jusqu’à ce qu’il disparaisse au coin de la rue. C’était étrange, cette interaction qu’elle avait eue avec lui. Elle ne s’y faisait décidément pas, c’était tellement nouveau pour elle. Daisy reporta son attention sur la rue, guettant l’horizon pour voir s’il quelqu’un était en train de l’observer ou si quelque chose clochait, mais elle ne vit rien. Alors, la jeune femme ferma les rideaux, plongeant à nouveau sa pièce de vie dans l’obscurité. Elle chercha son chemin jusqu’à son vieux matelas, quand elle le trouva elle s’y écroula, avant de s’endormir immédiatement, elle était fatiguée que ce qu’elle l’avait cru. 


Chapitre 4


Les entrainements de Drew avaient commencé depuis maintenant quelques semaines. Daisy pensait qu’il finirait par se lasser de toujours se faire victimiser, ou qu’il finirait par prendre peur ou simplement abandonner. Mais il n’en n’était rien. Le jeune homme persistait, malgré tous les salles coups que lui faisait la jeune femme. Elle ne le comprenait décidément pas du tout. Mais grâce à cette détermination, elle respectait un peu plus. Elle ne le considérait plus comme un simple moins que rien, même si en bagarre, il lui restait pas mal d’efforts à fournir. 


Drew ne devait pas tarder à arriver pour son cours hebdomadaire, le garçon était toujours pile à l’heure. Qualité qui le faisait monter dans les bonnes grâces de Daisy. La guerrière n’irait pas jusqu’à dire qu’elle le considérait comme un ami, d’ailleurs, elle ne le considérait comme rien de plus qu’un apprenti, mais elle le respectait un peu plus qu’à leur rencontre. Par contre, elle ne se faisait toujours pas à l’idée d’avoir tant d’interactions avec une personne, c’était une sensation étrange pour la jeune femme. Elle qui n’avait connu que la solitude pendant toute sa jeunesse. Chez DIANE, mis à part pour les entrainements, les Amazones n’avaient pas le droit d’interagir entre elles. 


Les minutes défilaient lentement alors que Daisy était en train de méditer sur son vieux matelas en attendait Drew. La pièce était, à nouveau, plongée dans l’obscurité, comme elle le préférait. Le jeune homme ne devait plus tarder, il était presque une heure. Les yeux de la jeune fille étaient fermés, cela lui permettait de mieux se concentrer. Elle avait pris l’habitude de méditer avant la venue de Drew pour éviter de l’assassiner. Malgré son dévouement, le garçon restait tout de même très pénible et il ne la fermait pas une minute. Il fallait qu’elle soit le plus calme possible pour le recevoir. 


Son heure de méditation touchant à sa fin, Daisy ouvrit nonchalamment les yeux et se leva de son matelas. Elle écarta les tentures pour laisser entrer le peu de clarté que procurait la lumière extérieure. Le ciel étant en permanence couvert d’un épais nuage gris. La vielle pendule, un des seuls objets qui décorait les murs de l’appartement de la guerrière, affichait une heure moins cinq. Drew devait arriver d’une minute à l’autre. Elle l’attendait en regardant par la fenêtre, guettant le moindre mouvement dans les alentours.  


Quatre minutes avant une heure, trois puis deux et enfin une. La pendule sonna, il était une heure de l’après-midi, mais toujours aucun signe de Drew. Daisy fronça les sourcils, ce n’était pas dans ses habitudes d’arriver en retard. Elle retourna à la fenêtre pour voir s’il n’arrivait pas, mais il n’y avait personne à l’horizon, la rue était entièrement déserte. La jeune femme croisa les bras sur sa poitrine, elle n’aimait pas qu’on la fasse attendre et toutes les bonnes choses qu’elle avait pu penser du garçon disparurent instantanément. Pourtant, il n’était en retard que de cinq minutes. 


La jeune fille partit s’asseoir sur son matelas et poireauta ainsi pendant un petit moment. C’est qu’elle avait pris l’habitude d’être en la compagnie du boulet qu’était Drew une fois par semaine. Pas qu’il lui manquait non, loin de là. Mais, ces petits cours qu’elle lui donnait était devenus une routine qu’elle avait commencé à apprécier. Daisy tapa du pied, sentant l’agacement monter en elle. L’aiguille de la pendule avançait avec lenteur, l’ancienne Amazones ne pouvait la quitter des yeux. Cela commençait sincèrement à l’irriter. Alors que toute personne normale aurait patienté ou commencé à s’inquiéter, Daisy, dont ce n’était pas du tout le genre, bouillonnait plutôt à l’intérieur.  


Soupirant un bon coup, la jeune femme décida de s’allonger sur son semblant de lit. Drew ne viendrait décidément pas aujourd’hui. Il ne restait plus qu’à Daisy à se tourner les pouces, comme d’habitude. Elle n’avait rien d’autre à faire. Elle aurait pu pour la énième fois laver ses armes, mais le cœur n’y était pas. Elle végéta sur son matelas pendant un long moment, contemplant le plafond, son visage vide de toute émotion, quand quelqu’un se mit à cogner frénétiquement à sa porte. 


Tous les sens de Daisy se mirent en alerte et méfiante elle se leva pour aller voir quelle était la cause de tout ce tapage. La jeune femme ouvrit la porte d’un mouvement sec et se saisit violemment du bras de la personne qui se trouvait devant elle, sans même vérifier son identité. Elle lui tordit le bras et le plaqua contre le mur. Ce n’est qu’en entendant les plaintes de douleurs de la personne, que Daisy se rendit compte qu’il s’agissait de Drew.

 

- Drew ! Qu'est-ce que tu fous là ? s'énerva Daisy.

- Je suis là pour mon entrainement  ! s’écria Drew. Qu’est-ce qui te prends ? paniqua le garçon.

- T’as vu l’heure qu’il est bordel ? T’as dix minutes de retard ! aboya Daisy. Et puis pourquoi tu tapes sur ma porte comme un attardé  ?

- C’est bon, calme-toi ! s’exclama Drew. Et lâche-moi, tu me fais mal  ! 


Daisy lâcha le bras de Drew qui se mit à le masser instantanément. La jeune femme n’y avait pas été de main morte avec lui. Mais le garçon devait juste savoir qu’il ne devait pas se comporter de manière aussi suspecte envers Daisy après tout le temps que les deux jeunes gens avaient passé ensemble. Drew commença à faire les cent pas dans la petite pièce de vie de la jeune femme. Il prit son bras endoloris d’une main. Il était en panique totale. Ce petit manège énerva Daisy qui était déjà assez remontée comme ça. 


- Arrête-moi ça tout de suite  ! cria la jeune femme.

- Pardon... Excuse-moi... se déconfit Drew.

- Bon, qu’est-ce que tu fous là ? 

- Je t’ai déjà dit que j’étais là pour mon entrainement de la semaine. 

- T’as vu l’heure qu’il est  ? pesta Daisy.

- Je suis désolé  ! J’ai eu des problèmes chez moi, s’excusa le garçon.

- C’est pas mon problème, rétorqua Daisy. T’étais pas à l’heure alors tu sors de chez moi  ! 

- Non attends, laisse-moi t’expliquer, paniqua Drew. Ma mère voulait pas que je vienne chez toi parce qu’elle se demandait ce que je foutais tous les jeudis à 13 heure. Il a fallu que je débâte avec elle pour qu’elle me laisse sortir. Alors, pour qu’elle me foute la paix, je lui ai dit que j’allais voir ma copine. Je pensais qu’elle me laisserait tranquille, mais maintenant elle veut que je la lui présente. Je lui ai dit que j’allais t’inviter, déballa le jeune homme sans laisser le temps à Daisy d’en placer une.

- Attends  ! Tu as fait quoi  ? s’étouffa la jeune femme.

- Je te demande juste une petite faveur, de venir dîner à la maison, conjura Drew.

- Est-ce que tu as complètement perdu la tête ?

- S’il te plait  ! supplia le garçon.

- Tu peux toujours rêver ! rétorqua la guerrière.

- S’il te plait, sinon elle me laissera plus jamais revenir chez toi.

- Eh bien, tant pis  ! 

- Je t’en supplie  ! 

- Tu m’as pris pour qui ? La réponse est non  ! Et maintenant sort de chez moi, tout de suite  ! 

- Non attends, je t’en supplie, protesta Drew.

- Ça ne sert à rien d’insister  ! J’ai dit non  !

 

Les évènements prirent une tournure inattendue quand le jeune homme se mit à genoux devant Daisy et joint ses deux mains pour l’implorer. Ce comportement agaça vivement la jeune femme, qui souhaitait voir Drew déguerpir de chez elle. Mais elle avait bien compris qu’il n’avait pas l’intention de partir avant de lui avoir fait changer d’avis. Elle aurait pu user de la violence pour le faire sortir, mais il était hors de question de faire de mal à un civil innocent, cela allait à l’encontre de ses valeurs. Daisy n’avait pas l’intention de s’abaisser au niveau des Amazones qu’elle avait fui. Pour avoir la paix, elle décida de faire un compromis avec Drew.


- Bon d’accord, j’accepte de venir dîner chez toi, céda finalement Daisy. Mais seulement si j’estime que tu as suffisamment progressé à ton entrainement.

- C’est vrai  ! Super  ! Merci, merci, merci !

- Maintenant relève-toi et mettons-nous au travail. On a déjà perdu assez de temps comme ça.


Drew s’exécuta sans protester et ils se mirent enfin au travail. Daisy fut encore plus dure avec le jeune homme, mais il ne se découragea pas et fit de son mieux pour montrer qu’il s’était bien amélioré. Daisy ne l’admettrait jamais à Drew, mais elle avait également remarqué les efforts qu’il procurait à chaque entrainement. Elle en était satisfaite. Au moins, cela n’avait pas été qu’une perte de temps. La jeune femme le considérait toujours comme un peureux et il y avait encore beaucoup de choses à faire. Tout de même, il avait l’air d’avoir assimilé pas mal de choses qu’elle lui avait enseignées. 


L’entrainement touchait à sa fin, il commençait à se faire tard. Daisy comptait montrer encore une nouvelle technique à Drew avant d’en avoir terminé pour la journée. Elle se mit dos à la porte d’entrée de son appartement, son élève en face d’elle. Elle allait se jeter sur lui quand quelque chose attira son attention au-dehors. La jeune femme ouvrit grand les yeux et se précipita vite jusqu’à la fenêtre du salon, poussant Drew, qui était sur son passage. Le jeune homme se retrouva à terre.


- Qu’est-ce qui se passe  ? questionna Drew en se relevant.


La jeune femme ne répondit pas, trop absorbée par ce qu’il se passait à l’extérieur. Elle décrocha sa tête de la fenêtre et fit les cent pas dans sa petite pièce de vie, comme l’avait fait Drew un peu plus tôt. Elle était en train de marmonner des choses incohérentes dans sa barbe. Choses que le garçon, ne comprenait pas. Inquiet, il s’approcha d’elle et posa une main sur l’épaule de Daisy.

 

- Daisy  ? appela-t-il.

- Il faut que tu partes immédiatement d’ici, déclara Daisy.

- Quoi  ? Mais pourquoi  ? s’étonna Drew.

- Parce que je l’ai dit, voilà tout  ! s’emporta la guerrière.

- Mais on n’a pas fini... 

- Ne m’oblige pas à utiliser la force avec toi  ! 


Face au manque de réaction de Drew, Daisy n’eut pas d’autre choix que de le faire déguerpir de force de sa maison. Elle le poussa violemment vers la porte de sortie. Le jeune homme tenta de résister, ne comprenant pas ce qui se passait, mais la jeune fille était beaucoup trop forte pour lui. 


- Et notre accord alors ? demanda Drew. Tu viendras dîner à la maison ?

- Oui, oui, c’est bon, je viendrais, maintenant dégage  ! 


Daisy ne laissa pas le temps à Drew de répondre qu’elle lui claqua déjà la porte au nez. Elle retourna à la fenêtre quand le jeune homme fut enfin parti. Ses yeux ne lui avaient pas fait défaut. Là, à l’autre bout de la rue, se trouvait une fille assez jeune, blonde, un air neutre sur le visage tout de blanc vêtu. Elle ne pouvait pas s’y méprendre, c’était bien un membre de DIANE, une Amazones l’avaient retrouvé. 


Chapitre 5


Le front toujours collé à la fenêtre, Daisy fixa intensément la jeune femme blonde qui regardait dans sa direction. L’ancienne Amazone attendit que Drew ait quitté le bâtiment. Elle l’observa jusqu’à ce qu’il ait tourné au coin de la rue et qu’il eut disparu de son champ de vision. Daisy reposa ensuite son regard sur la jeune blonde qui avait sorti ce qui semblait être un téléphone. Elle allait prévenir les membres de DIANE, il fallait qu’elle agisse et vite. 


Sans perdre une seconde de plus, Daisy quitta son appartement en furie et descendit les marches quatre à quatre, s’arrêtant net devant la porte du bâtiment qui la mènerait à l’extérieur. La jeune femme était plus maligne que ça, elle n’allait pas la confronter directement, elle allait plutôt l’attaquer par surprise. Daisy tata la poche arrière de son jean, son pistolet y était bel et bien accroché. Un soupir de soulagement s’échappa de la bouche de la jeune femme. Elle sortit discrètement par la porte principale, l’Amazone était dos à elle, toujours au téléphone. Discrètement, Daisy traversa la rue, sortit son pistolet et elle se faufila derrière la jeune blonde. Son pistolet en main, elle le pointa sur la tête de la criminelle qui s’arrêta instantanément de parler. 


- On ne t’a pas dit qu’il fallait faire plus attention, annonça Daisy. DIANE a bien régressé depuis que je suis partie. Tu t’es fait prendre comme un bleu.


Un long silence s’installa entre les deux jeunes femmes avant que quelque chose ne se produise. Sans crier gare, la jeune blonde se tourna furtivement et se saisit du bras de Daisy qui tenait le pistolet. Elle le tordit, maîtrisant momentanément la jeune brune, avant que cette dernière ne se ressaisisse et contre l’attaque. S’en suivi une bagarre entre les deux jeunes femmes en pleine rue. L’une dominant l’autre, puis l’autre reprenant le dessus. Il était difficile de deviner qui allait gagner. Toutes les deux étant au même niveau. Elles avaient tous les deux étés éduquées chez DIANE, et même si Daisy avait quitté l’organisation, elle s’était entrainée sans recul pour ne pas être à la traîne.

 

La bataille durait depuis un bon moment, sous le regard indifférent des passants. Il ne serait venu à l’idée d’aucuns d’entre eux de s’arrêter pour séparer les deux jeunes femmes. La violence était monnaie courante dans la ville. Pour beaucoup d’habitants, il ne s’était agi de rien d’inhabituel, un jeudi comme tant d’autres. Il y avait aussi ceux qui étaient trop effrayés pour agir et qui préféraient passer leur chemin. Mieux valait s’occuper de ses affaires. 


Le combat fut long et pénible, mais au bout de longues minutes de lutte, Daisy arriva enfin à maîtriser l’Amazone. Elles étaient à présent toutes les deux au sol, l’agent de DIANE sur le ventre et Daisy assise au-dessus d’elle. La jeune brune se saisit de la tête de son ennemi par les cheveux et lui fracassa violemment la tête sur le trottoir, plongeant la blonde dans un sommeil profond. 


La rue était à présent déserte de tout passant. C’était le moment idéal pour Daisy de se saisir du corps inerte de l’Amazone et de la trainer jusqu’à chez elle. En passant par l’accueil de l’appartement, le concierge curieux se leva de son poste pour observer la scène. Daisy, en guise de réponse, lui lança un regard menaçant. Le vieil homme avala sa salive difficilement et retourna au travail, comme si de rien n’était. 


Daisy, qui tenait l’Amazone par-dessous ses bras, la traîna du mieux qu’elle put à travers la cage d’escalier. Se dépêchant de l’amener jusqu’à son appartement avant qu’elle ne reprenne connaissance. Quand elle fut arrivée devant son logement, la jeune femme ouvrit brusquement la porte et jeta la jeune blonde au sol qui s’écrasa au sol comme un poids mort. Daisy partit alors immédiatement à la recherche d’une chaise pour y installer l’Amazone avant de bien la ligoter. La guerrière s’assit ensuite sur son matelas miteux. Il ne lui restait plus qu’à attendre. 


Le temps passait et toujours rien. Aucun signe de vie de la part de l’agent de DIANE. Daisy attendit et attendit, encore et encore, que la jeune blonde se réveille, mais elle avait dû la frapper un peu trop fort, l’Amazone restait inconsciente. C’est au bout d’une bonne heure, que Daisy put observer un bref mouvement venant de sa prisonnière. Elle remua d’abord légèrement la tête, avant d’ouvrir les yeux difficilement. 


- On a fait un bon petit somme, ironisa Daisy.


Pour seule réponse Daisy eut droit à un regard bien noir venant de la captive. La jeune femme savait qu’elle ne soutirerait aucune information utile à la jeune blonde. Les amazones étaient entrainées pour garder le silence en toute circonstance. Ne jamais parler était la règle d’or de DIANE. Mais Daisy n’avait pas l’intention de renoncer aussi facilement, elle comptait découvrir si la jeune blonde avait réussi à communiquer sa position à DIANE. 


L’entretien dura une éternité. L’Amazone refusait catégoriquement de parler, malgré la torture que lui avait infligé Daisy. Elle l’avait brulée, coupée, tailladée. Elle lui avait même retiré quelques ongles. Mais rien n’y faisait, la jeune blonde ne coopérerait pas. Daisy reconnut là toute la force d’un agent de DIANE. Quoi qu’on lui inflige, une Amazone se devait de garder le silence. La sentence pour avoir divulgué des informations à l’ennemi était la mort. La jeune femme essaya encore et encore, jusqu’à tard dans la nuit. Mais rien à faire, l’Amazone resta muette comme une tombe. Daisy, voyant qu’il ne servait à rien d’insister et jugeant qu’elle avait perdu assez de temps, décida qu’il était temps de se débarrasser de sa prisonnière. Elle se saisit de son arme et sans hésiter une seconde, tira une balle à bout portant entre les deux yeux de la jeune blonde, la tuant sur le coup. 


Il ne lui restait plus qu’à se débarrasser du corps. Daisy coupa les liens qui attachaient l’Amazone à la chaise et elle la porta comme un vulgaire sac à patates. La jeune femme quitta son appartement, passa cette fois-ci par l’arrière du bâtiment pour ne pas être remarquée. Elle ne réfléchit pas longtemps à l’endroit où elle pourrait se débarrasser du corps. Daisy alla dans une allée qui se trouvait non loin de son bâtiment et elle y jeta nonchalamment la jeune blonde dans la benne à ordures.


Comme si de rien n’était, Daisy retourna chez elle, nettoyant le sang qui avait giclé un peu partout à terre et sur les murs. Cela l’occupa pendant le reste de la nuit. Après ce qu’elle venait de vivre, elle n’avait pas sommeil, et la distraction était la bienvenue. 


La guerrière avait fait preuve d’une telle froideur envers l’Amazone, la torturant et la tuant sans scrupule. C’était une des nombreuses habilités qu’elle avait héritées de DIANE. Daisy trouvait cela détestable de ressembler à toutes ces femmes qu’elle répugnait tant. Mais, en situation de crise comme elle venait de vivre, toutes ces compétences s’avéraient être bien utiles et sans elles, la jeune femme ne serait pas allée bien loin. 


La seule chose qui tracassait encore Daisy s’était de savoir si l’Amazone avait eu le temps de communiquer sa position à DIANE. Il fallait qu’elle reste très alerte dans les jours qui suivent. Elle n’était pas à l’abri d’une nouvelle attaque et si DIANE rappliquait, ce ne serait plus, cette fois-ci, avec une simple novice, mais avec un groupe entier de guerrières. Quand ce jour arrivera, il ne restera plus à Daisy qu’à se battre, éliminant le plus d’Amazones possible en chemin.


Chapitre 6


Daisy redoubla de prudence les jours qui suivirent son altercation avec l’Amazone. Si elle n’avait jamais eu l’habitude de sortir couramment depuis son installation à Cronos, il était encore moins fréquent de la voir trainer dans les rues de la ville ces derniers temps. La guerrière voyait le mal partout et chaque femme ou jeune fille qu’elle croisait était une potentielle ennemie. Pourtant, rien ne s’était encore produit et Daisy commençait à croire que la jeune blonde n’avait pas eu le temps de communiquer sa position à DIANE, ce qui lui semblait étrange. En tant qu’agent parfaitement qualifié, une Amazone n’aurait jamais commis ce genre d’erreur.


Quand elle ne passait pas son temps à surveiller et à guetter les moindres recoins des rues par la fenêtre de son appartement, Daisy occupait ses journées à s’entrainer hardiment. La jeune femme se devait d’être prête à tout éventuelle attaque. Elle ne pouvait pas se laisser aller. Elle se doutait que les Amazones soient parfaitement entrainées et que DIANE n’allait pas se gêner d’envoyer ses meilleurs agents pour l’attaquer. Leur but était d’éliminer Daisy coûte que coûte, elle les avait trahis en les désertant, crime punissable par la mort. La jeune femme était devenue leur ennemi numéro un. 


Toutes ces préoccupations lui avaient presque fait oublier Drew, qui n’avait plus osé se présenter chez elle depuis qu’elle lui avait brutalement claqué la porte de son appartement au nez. Elle ne pouvait pas, de toute manière, se permettre une telle distraction. Et puis la présence du garçon dans l’appartement de Daisy le mettait potentiellement en danger et là n’était pas le but de la jeune femme. Drew avait été si collant ces dernières semaines qu’elle avait craint qu’il ne se ramène le jour de leur cours hebdomadaire, mais il n’était pas venu, et Daisy avait fait vite de passer à autre chose.  


Le week-end était rapidement arrivé, ce qui ne changeait rien pour la guerrière qui était encore en train de s’entrainer à tirer avec son arme, le silencieux en place pour ne pas faire de bruit. Elle tirait sur des obstacles qu’elle avait installés un peu partout dans son appartement. Chaque fois de plus en plus petit ou de plus en plus loin. Puis en mettant un bandeau sur ses yeux, pour se compliquer un peu plus les choses. Tout se passait bien, Daisy n’avait pas perdu la main. La jeune femme ne rata aucune cible. Elle était totalement concentrée, dans son élément, quand elle fut interrompue par un tambourinement à sa porte. 


Elle tenta d’abord de l’ignorer, quiconque cela pouvait être n’avait rien à faire ici. Cela devait être une erreur, elle n'attendait personne. Mais les cognements persistèrent. Daisy crut alors qu’il s’agissait d’une Amazone venue la tuer. Mais une Amazone n’aurait jamais pris la peine de toquer, elle se serait juste contentée de défoncer la porte nonchalamment.  La jeune femme continua à tirer avec son arme, ignorant le frappement incessant. Mais elle finit par s’agacer. 


C’est au bout d’encore une minute passée à fulminer et à imaginer ce qu’elle ferait à la personne qui se trouvait de l’autre côté que Daisy décida d’aller voir qui était le malin qui se permettait de la déranger ainsi. Jetant son arme à terre avec colère, Daisy se précipita jusqu’à la porte d’entrée. Elle la déverrouilla, prête à se jeter sur l'individu qui se trouvait derrière, quand elle tomba nez à nez avec Drew. 


- Drew ! cria Daisy. Qu’est-ce que tu fous là  ?

- Mais… mais, on est samedi, bégaya le garçon.

- Et alors  ? Cracha la jeune femme. Ce n’est pas le jour de ton entrainement ! 

- Mais tu m’avais… tu m’avais promis de...

- Promis quoi  ? s’agaça-t-elle. Et arrête de bégayer comme ça, tu m’énerves  ! 

- Bah, tu m’avais promis de venir diner chez moi, avec mes parents... s’embarrassa le garçon.

- Quoi  ? Mais jamais de la vie ! nia Daisy. Tu débloques ou quoi  ? Tu t’es cogné la tête en venant ici  ? 

- Mais si, je te jure, tu m’avais promis ! Je sais que tu t’en souviens... protesta Drew.

- Je n’ai pas le temps pour ces conneries  ! s’exclama Daisy. Va-t'en !

- Alors tu t’en souviens  ? Je le savais !

- On s’en fou, je suis occupée  ! 

- Ah oui  ? À faire quoi  ? Harceler des petites enfants, te battre avec le premier bolosse que tu rencontres dans la rue ou juste à rien foutre dans ton appartement  ? Parce que de mon point de vue, ta vie n’a pas l’air aussi chargée que ça  ! 


Regrettant immédiatement ses paroles, Drew mit ses mains sur sa bouche, ses prunelles prirent la forme de deux énormes soucoupes. Il ne savait pas ce qu’il lui avait pris de s’adresser à Daisy de la sorte. Surtout que si la jeune femme le désirait, elle pouvait le détruire sans le moindre effort. Et c’est certainement ce qu’elle allait faire après ce qu’il venait de lui déballer à la figure. Il ferma les yeux, anticipant le prochain coup à venir. Il attendit, mais rien ne vint. Alors, il rouvrit les yeux et devant lui, Daisy s’était mise à l’applaudir, un sourire narquois aux lèvres. 


- Bravo ! congratula Daisy. Je ne pensais pas que tu aurais un jour le cran de me parler comme tu viens de le faire. Félicitation, tu n’es officiellement plus une victime !

- Ça veut dire que tu vas pas me frapper ?

- Bon, il y a peut-être encore quelques efforts à fournir.

- Alors tu vas m’accompagner chez mes parents  ? 

- C’est bon pour une fois, céda la jeune femme. Mais ça n’arrivera pas une seconde fois.

- Oh, merci, merci, merci  ! Je ne sais pas comment te remercier  !

- En la fermant pour commencer.

- Oui, d’accord. Bon, on y va alors.

- Quoi  ?! Maintenant  ?

- Bah oui, le dîner est dans une heure.

- Et tu t’es pas dit que tu devrais venir me prévenir plus tôt  ? 

- C’est que j’avais un peu peur.

- Mon dieu, tu sers vraiment à rien.

- Je sais...

- Il faut que je me prépare alors. À moins que tu veuilles que je me ramène comme ça  ? 

- Ah non ! Enfin, je veux dire, si tu as autre chose, c’est bien aussi.

- Sois un peu plus ferme bordel ! Donne ton avis et dis ce que tu penses comme tu l’as fait tout à l’heure.

- Oui, je préférerais que tu mettes autre chose. Une robe de préférence, si tu en as une.

- Je dois pouvoir trouver ça, reste là.


Laissant Drew seul dans la pièce de vie de son appartement, Daisy se rendit dans la salle de bain où elle rangeait tous ces vêtements. La jeune femme ne savait pas pourquoi elle avait accepté d’aller dîner chez Drew, surtout en de temps pareil. Elle pourrait les mettre tous en danger. Mais son instinct lui disait que rien ne se passerait ce soir. Daisy connaissait bien DIANE, c’était elle qu’elle voulait, pas Drew ni sa famille. Et si l’organisation n’aimait pas les hommes puissants, elle ne ferait jamais de mal à un citoyen lambda.


La jeune femme fouilla dans sa penderie à la recherche d’une tenue appropriée pour rencontrer les parents de Drew. Étant préparée à toute sorte de situations, Daisy avait une série de robes qui pourrait faire l’affaire. En fouillant un peu et en dégotta une qui lui sembla correcte. C’était une robe rose pâle à motifs fleuris, toute simple, qui lui arrivait aux genoux. Quand elle fut changée, elle enfila une paire d’escarpin couleur chair qui se mariait parfaitement avec la tenue, s’arrangea le visage et les cheveux comme elle le put et partit rejoindre Drew. Le garçon était planté au milieu du salon, comme un intrus, il avait l’air perdu. Quand la jeune femme entra dans la pièce, il en fut tout émoustillé.


- Woah ! Tu es...  tu es… 

- Je suis quoi  ? 

- Be…belle.

- C’est gentil, merci. Bon arrête de me regarder comme ça maintenant ! 

- Pa… pardon.

- Et arrête de bégayer, ça commence à m’agacer.

- D’a… d’accord.

-Tu me désespères.

-Pardon...

-Bon, on y va  ? 

-Oui, oui.

- Tu m’expliqueras tout ce que je dois savoir en route, hein, histoire de pas être trop dans le jus quand on arrive.

- Ça marche.


Les deux jeunes gens quittèrent l’appartement de Daisy, mais pas avant qu’elle ne se soit saisit discrètement de sa dague favorite qu’elle cacha du mieux qu’elle put sous sa robe. On n’était jamais assez prudent. La jeune femme vérifia une dernière fois par la fenêtre avant de partir, pour être sûre que la voie était libre. Puis elle verrouilla sa porte à double tour et enfin, ils se mirent en route. 


Chapitre 7


Daisy avait appris tout ce qu’elle devait savoir sur la famille de Drew durant la courte marche qui les séparait de sa maison. C’est ainsi qu’elle s’était rendu compte qu’il n’habitait pas loin du tout de chez elle. Les parents du garçon étaient des gens simples. Ils avaient toujours suivi le troupeau et fait ce qu’on leur disait de faire. C’est comme ça qu’il s’était retrouvé ici, à Cronos, le père de famille ayant eu une promotion et ayant été muté ici, ils avaient dû y emménager. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à savoir à leur sujet. Ils étaient ensemble depuis le lycée, premier amour l’un de l’autre et avaient tout fait selon la tradition, mariage après les études et puis un enfant unique, Drew.


Durant le trajet, Daisy avait réussi à mettre ses soucis de côté et à laisser DIANE derrière elle pour une soirée. Elle était presque excitée par ce dîner, pas qu’elle l’avouerait à Drew. C’était pour elle une manière de tester ses capacités de manipulatrice, autre compétence qu’elle avait acquise durant son enfance passée au sein de l’organisation secrète. Elle n’avait encore jamais été mise dans une situation où elle devait faire semblant d’être quelqu’un d’autre. La jeune femme le voyait comme son prochain challenge et elle aimait ça surtout si ça lui permettait de se surpasser. Elle allait faire en sorte d’être la meilleure fausse petite amie que Drew ait jamais eue, ils n’allaient y voir que du feu. 


La maison dans laquelle résidait Drew était à l’image de sa famille, simple et banale. Rien de spécial ni d’attirant. Devant la porte, le garçon toqua et attendit patiemment. Les parents du jeune homme prirent tout leur temps avant de leur ouvrir, ce qui irrita quelque peu Daisy. Quand ils se présentèrent enfin à eux, tout le monde commença à se dévisager. La guerrière analysa les parents de Drew, les observant minutieusement de la tête au pied. Les géniteurs du jeune homme ne se génèrent pas de faire de même. Le regard hautain de madame Washington, la mère de Drew, surpris un peu la jeune femme. Qui diable était-elle, surtout dans une ville comme Cronos, pour se sentir supérieur à qui que ce soit ? Cette bonne femme ne plaisait pas du tout à Daisy, même si elle ne lui avait pas encore adressé la parole. Après un long silence inconfortable, Drew décida de prendre la parole.


- Maman, papa, voici Daisy, ma... uhm... petite amie, présenta Drew.

- Elle est blanche, commenta immédiatement madame Washington.

- Et c’est un problème  ? questionna Daisy, le ton menaçant.

- Bien sûr que non  ! intervint immédiatement monsieur Washington. 

- C’est donc avec elle que tu passes tout ton temps  ? demanda la mère. 

- Oui, maman.

- Et que faites-vous donc si souvent à deux  ?

- Chérie, enfin, ce n’est pas un interrogatoire, intervint à nouveau le père. Entrez les enfants. Invita-t-il ensuite.


La décoration de la maison était de très mauvais goût, Daisy n’eut pas de mal à comprendre quel genre de femme était madame Washington. Tout était très kitch, des meubles au moindre élément de décoration. C’était à en vomir. Il y avait ces rideaux jaunes en vieille dentelle, qui étaient fermés et qui créaient une ambiance tamisée assez désagréable dans la pièce. Rien n'allait ensemble. C’était à en vomir, mais Daisy fit bien de le garder pour elle. 


- Quelle charmante maison, déclara la Daisy un air émerveillé sur le visage. La décoration est juste sublime !

- Oh  ! rougit madame Washington. C’est moi qui ai tout fait, avoua-t-elle. Je te remercie. 


Cela avait été tellement facile, Daisy savait qu’ainsi, elle tenait la mère de Drew dans sa poche. Elle avait déjà le père, qui avait eu de la sympathie pour elle dès que sa femme s’était montrée désagréable envers elle. Le jeu était déjà gagné d’avance. Les choses s’enchainèrent rapidement après ça. Les Washington invitèrent leur fils et Daisy à se mettre à table pour le repas qu’ils avaient concocté spécialement pour eux. Le repas était banal, comme tout le reste, la maison, la décoration et la famille. Même si madame Washington avait l’air de s’être donné du mal, les plats qu’elle avait concoctés restaient affreusement ordinaire. Mais fidèle à elle-même, Daisy ne laissa rien transparaître. 


- C’est délicieux, madame Washington, complimenta Daisy. Ce poulet est juste somptueux.

- Je te remercie Daisy, c’est une recette qui me vient tout droit de ma grand-mère qui le tenait de sa mère à elle.  

- Eh bien, c’est vraiment succulent ! Je me régale ! exagéra la jeune femme.

- Parle-nous un peu de toi Daisy, demanda monsieur Washington. Parce que Drew a été tellement mystérieux à ton sujet qu’on aurait fini par se demander si tu existais vraiment.

- Oh, eh bien, il n’y a pas grand-chose à dire sur moi. J’étudie à l’université locale de Cronos. Je vis seul depuis un bon moment. Mes parents sont morts quand j’avais dix-huit ans. Sinon, il n’y a pas grand-chose à dire d’autre, je n’ai pas une vie très passionnante. Je sors très peu et j’ai très peu d’ami. En fait, Drew est ma première vraie relation depuis une éternité, mentit la jeune femme.

- Je suis vraiment navré pour tes parents, Daisy, s’excusa monsieur Washington. 

- Je vous remercie monsieur Washington. 

- Comment as-tu rencontré mon fils ? interrogea madame Washington. À l’université  ?Parce qu’il nous en a dit très peu. Je ne l’ai jamais connu aussi secret. 

- Oh, c’est une histoire assez spéciale ! s’exclama Daisy. Je ne sais pas pourquoi il aurait voulu vous cacher ça, il s’est réellement comporté de manière héroïque le jour de notre rencontre.

- Eh bien, raconte-nous  ! s’exclama madame Washington. Je veux tout savoir. 

- C’est assez simple en soi. Je me promenais tranquillement dans les rues de Cronos, allant à la supérette du coin faire quelques courses. Quand, tout d’un coup, un homme a surgi de nulle part et s’est saisi de mon sac à main en me poussant au sol. Drew a dû voir toute la scène, parce qu’immédiatement après ça, il s’est mis à poursuite du voleur. Il l'a attrapé, l’a frappé et lui a repris le sac des mains. Ensuite, il est venu me le rendre et c’est là que tout a commencé, expliqua Daisy.

- Woah ! s’étonna monsieur Washington. Mon fils, je ne te connaissais pas si héroïque  ! 

- C’est dangereux, tu aurais pu être blessé, s’affola madame Washington.

- Ne vous inquiétez pas, rassura Daisy. Drew avait la situation en main, il n’a pas hésité une seconde, un vrai héros !

- Je savais que tu avais ça en toi  ! félicita monsieur Washington. Je suis fière de toi !


Le reste de la soirée se passa sans encombre. Daisy avait hâte d'en finir. Les parents de Drew étaient d’un ennui mortel, ils n’avaient absolument rien d’intéressant à raconter. Leur vie était d’une banalité, c’était un comble qu’elle dût tomber sur des gens pareils. Quand le repas toucha à sa fin, Daisy s’empressa de trouver une excuse pour ne pas à avoir à rester plus longtemps. Prétextant qu’elle devait se lever tôt le lendemain, pour travailler. Les Washington la raccompagnèrent à la porte. Drew lui proposa de la ramener, elle fut bien obligée d’accepter pour continuer à jouer le jeu. 


- Pourquoi t’as fait ça  ? demanda Drew, sur le chemin du retour.

- Fais quoi  ? 

- Me mettre en valeur comme ça auprès de mes parents.

- Fallait bien que j’invente un truc non  ? Ou t’aurais préféré l’histoire vraie  ?

- Non, non. Mais tu aurais pu inventer n’importe quoi. Au lieu de ça, tu t’es dévalorisée et tu m’as fait passer pour un héros.

- C’était juste une histoire.

- Tu m’as dit de m’affirmer, alors je m’affirme, déclara Drew. Je veux savoir pourquoi.

Parce que j’ai eu pitié de toi ! souffla Daisy, lasse de la soirée qu’elle venait de passer.

Mais pourquoi  ? 

- Il est clair que tes parents ne te valorisent pas du tout. Alors je me suis dit qu’en inventant cette histoire, leur manière de te voir allait immédiatement changer.

- Tu as fait ça pour moi ?

- C’est bon, tu as la vérité, on en reste là d’accord  ?  

- D’accord, d’accord.

- Bon, je crois que je retrouverais mon chemin toute seule. Tu peux rentrer chez toi.

- Mais j’ai dit à mes parents que je te raccompagnais chez toi...

- T’as qu’à faire un détour en rentrant chez toi ou trainez un peu. Je t’ai assez vu pour aujourd’hui.

- Comme tu voudras... On se voit à notre prochain cours alors ?

- Oui, c’est ça, à notre prochain cours.

- Salut alors.

- C’est ça, ciao...

- Attends encore une minute, Daisy.

- Quoi encore ?

- Je voulais juste te dire merci pour tout ce que tu as fait pour moi ce soir. Je ne l’oublierais pas d’aussi tôt. Je te revaudrais ça, tu peux en être sûr. Tu peux me demander tout ce que tu veux, je le ferais.

- Commence déjà par arrêter de parler ! 

- C’est d’accord  ! 

- Allez, à plus.

- Bonne soirée.

- Oui, c’est ça, bonne soirée.


Daisy attendit en coin de rue que Drew fut suffisamment éloigné pour se mettre à le suivre. Elle voulait s’assurer qu’il rentre bien chez lui. Même si elle l’entrainait depuis plusieurs semaines, le garçon serait incapable de se défendre tout seul en cas de danger. 


Quand elle fut assurée qu’il soit bien chez lui, elle rebroussa chemin et rentra chez elle, où tous les soucis qu’elle avait mis de côté pour cette soirée, refirent surface. La rigolade était terminée, il fallait reprendre son sérieux et se remettre au boulot.


Chapitre 8


Le lendemain à la première heure, Daisy se mit en observation devant sa fenêtre crasseuse. Tous les soucis des jours précédents lui étaient revenus au moment où elle avait passé la porte de son appartement. Elle avait veillé une partie de la soirée après le dîner chez les Washington, ne s’accordant une pause que quand ses yeux ne pouvaient plus rester ouvert d'eux-mêmes. Daisy avait alors jugé plus prudent de s’accorder quelques heures de sommeil bien mérité pour être plus fraîche le matin, prête à surveiller le moindre mouvement suspect dans les rues avoisinantes de son quartier malfamé. 


Il ne se passa pas grand-chose ce matin-là, mis à part les classiques bagarres de bac à sable entre deux ou trois voyous du coin. Pourtant, Daisy resta bien attentive, ses yeux scrutant minutieusement le moindre recoin. La jeune femme sentait qu’il allait se passer quelque chose. Il s’était écoulé bien trop de temps depuis que l’agent de DIANE avait découvert sa localisation. Daisy ne doutait pas une seconde que la jeune femme dont elle s’était débarrassée avait eu le temps de communiquer ses coordonnées aux autres. Quelque chose allait arriver, Daisy ne savait pas quoi, mais ce serait pour bientôt.


Les heures passaient, toujours aucun mouvement suspect à l’horizon. Il faisait gris dans le ciel, une atmosphère malsaine régnait dans l’air, Daisy n’avait pas besoin d’être dehors pour s’en rendre compte. Tout lui semblait lourd d’un coup, sa respiration saturée, comme si l’oxygène de la pièce avait complètement disparu. C’est alors qu’elle la vit, tout de blanc vêtu, comme le voulait la tradition chez DIANE. Elle n’essayait pas de se cacher. L’amazone était là, immobile, en plein milieu de la rue. On aurait pu la prendre pour une jeune femme innocente, sous ses faux airs d’ange. Mais Daisy n’était pas dupe, elle savait très bien de quoi la jeune femme était réellement capable, puisqu’elle avait été des leurs. 


L’agent de DIANE n’était pas seul, Daisy en était sûre. Même si une amazone était déjà très forte individuellement, la mission pour laquelle elle avait été envoyé nécessitait du renfort. Ses soupçons vinrent se confirmer quand une autre amazone sortit de l’ombre pour venir se poster dans un coin de rue. Puis une autre, encore, dans le parc et une autre sur le trottoir en face du bâtiment de la guerrière. Il devait y avoir dix jeunes femmes toutes vêtues de blanc. Et ce n’était peut-être pas tout, d’autres pouvaient encore être cachées, cela dépendait de la stratégie qu’avaient décidé d’employer DIANE. Daisy resterait très prudente. 


Il ne se passa rien pendant longtemps. Les amazones regardaient dans le vide. Puis, d’un coup, elles tournèrent ou levèrent toutes la tête en direction de l’immeuble de Daisy. Leurs yeux fixèrent précisément la fenêtre d'où elle était en train de les observer. Il ne valait même pas la peine d'essayer de se cacher, Daisy le savait. La jeune femme ne fit pas le moindre effort pour se dissimuler à leur vue. Les amazones savaient qu’elle était là et Daisy savait que les amazones étaient là. Elle était également consciente de la tournure qu’allait prendre la suite des évènements. 


D’abord, les choses se passeraient pacifiquement, les amazones la pointeraient du doigt, signe qu’elle devait se rendre et venir de son plein gré avec elles jusqu’à DIANE où elle serait jugée. Si Daisy ne se rendait pas dans la minute, les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Les amazones mettraient à profit tout ce qu’elles avaient appris pendant leurs longues années d’entrainement. Suivrait une bataille, qui pourrait avoir plusieurs issus. Soit Daisy gagnait. Elle serait libre, mais pas pour longtemps. Il faudrait qu’elle recommence tout à zéro dans un autre endroit. Soit elle périssait et tout était fini. La vie reprendrait son cours et ce serait comme si elle n’avait jamais existé.


Pourtant, les amazones ne la pointèrent jamais du doigt. Elles n’en eurent pas le temps. Le calme qui régnait dans la rue depuis l’arrivée du groupe de femmes vêtues de blanc de la tête aux pieds fut interrompu par un sifflement. Quelqu’un était en train d’approcher et Daisy n’aurait pas du tout voulu être à la place de cette personne qui risquait de passer un sale quart d’heure pour s’être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Simultanément, les têtes de chacune des guerrières se tournèrent dans la direction du sifflement. Elles se préparaient déjà à se débarrasser de ce nouvel encombrement. Cela ne devrait pas leur prendre trop de temps. Personne ne pouvait se mesurer à la force et au talent d’une amazone. 


Daisy observait toute la scène attentivement. Elle anticipait la suite des évènements. La jeune femme aurait voulu que les choses se passent rapidement et sans encombre. Mais il avait fallu qu’un imbécile décide de se promener dans le coin. Tu parles d’un mauvais timing, pensa l’ancienne amazone. C’est alors qu’elle le vit, au loin, il marchait d’un bon pas, l’air joyeux, ne faisant pas attention à ce qui se passait autour de lui. Drew. Il était clair que le jeune homme n’avait pas remarqué la présence du groupe de femmes vêtue de blanc posté un peu partout dans la rue. Daisy se frappa une main sur le visage. Elle avait à plusieurs reprises eu une envie de meurtre sur le garçon depuis qu’elle l’avait rencontré, mais jamais autant qu’aujourd’hui.


Pourquoi cet idiot avait-il décidé de venir la voir aujourd’hui ? Ce n’était pas le jour de leur entrainement. Tout en se posant la question, Daisy avait déjà la réponse. C’était à cause de la soirée de la veille. Le pauvre naïf venait sûrement pour remercier celle qu’il considérait comme son amie de l’énorme faveur qu’elle lui avait accordé. Daisy se sentait coupable. Elle n’aurait jamais dû accepter de venir en aide à ce pauvre garçon sans défense, permettant une sorte de proximité de se créer entre eux. Elle l’avait mis inutilement en danger et à présent, il était en train de marcher vers une mort certaine. 


Devait-elle le sauver ou devait-elle se contenter de faire ce qu’elle avait prévu de faire ? Se débarrasser des Amazones et ficher le camp de Cronos, tant pis pour les victimes collatérales. Mais si Daisy laissait ce pauvre garçon qui n’avait jamais rien fait de mal à personne mourir, elle ne serait pas mieux que toutes ces prétendues guerrières qu’elle détestait tant. Si elle avait passé autant de temps à les fuir, ce n’était pas pour tomber aussi bas qu’elle dans les moments décisifs. La jeune femme fut alors décidée, elle ferait tout pour sauver Drew. S’il y avait bien quelqu’un qui ne méritait pas de souffrir, c’était bien lui. 


 Drew était arrivé à hauteur de l’appartement de la jeune femme. Mais il s’était arrêté, ayant remarqué pour la première fois la présence de toutes ces étranges bonnes femmes étranges. Le pauvre avait l’air complètement perdu. Il les regardait à tour de rôle, son visage se contorsionnait en une grimace de concentration. Il avait l’air de se demander s’il n’était pas en train de rêver. Il faut dire que la scène pouvait sembler quelque peu surréaliste. 


Le moment d’agir était venu. N’hésitant plus une seconde, Daisy ouvrit la fenêtre de la petite pièce de séjour de son appartement. Elle cria, non, elle hurla quelque chose d’incompréhensible au groupe d’amazones, attirant leur attention sur elle, avant de grimper sur le bord extérieur de son balcon, se retrouvant presque dans le vide. Avec minutie et délicatesse, elle s’accrocha à une bouche d’égout qui descendait jusqu’à la rue, sous les exclamations de Drew, qui ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Avec beaucoup de grâce, la guerrière arriva à terre, en position de combat prête à affronter quiconque qui daignerait s’approcher d’elle ou du garçon, qui se trouvait maintenant derrière elle. 


En une fraction de seconde, les amazones furent prêtes au combat. Elles étaient armées, chacune équipée selon sa préférence. Certaines dégainèrent des épées de toute sorte, des xiphos, des glaives, des Jians. D’autres sortirent des dagues et poignard divers. Puis il y avait celles qui préféraient les nunchakus, les marteaux ou les battons en bambous. La bataille promettait d’être riche et variée. Daisy poussa brutalement Drew, il trébucha et passa à travers la porte de l’immeuble où vivait la jeune femme, la porte se refermant derrière lui. Elle lui ordonna de ne sortir sous aucun prétexte, verrouillant la porte au passage avec un bout de métal qui traînait dans le coin. Beaucoup trop éberlué pour réagir, le garçon resta planter là, un air niais sur le visage. 


L’affrontement entre les amazones et Daisy pouvait enfin commencer. La jeune femme se battrait à main nue. Dans sa précipitation, elle avait oublié d’emporter une arme. Qu’importe, pensa la jeune femme, elle en arracherait une du corps sans vie d’une de ses ennemies. Vidant sa tête, elle se lança ses adversaires, la rage au ventre.


Tout se passa très rapidement. Il y eut beaucoup de cris, du sang, des coups, des corps qui volèrent un peu partout. Et en moins de temps qu’il n’en fallut, les dix amazones étaient à terre, mortes, leurs corps contorsionnés dans d’étranges positions. Daisy n’avait même pas eu à faire d’efforts. Elle avait facilement réussi à désarmer une de ses opposantes, de se saisir de son Jian et de trancher les autres avec. Ce n’était pas son arme de prédilection, elle qui préférait les dagues, plus discrètes, mais cela avait amplement fait l’affaire. Daisy se rendit alors compte que les amazones auxquelles elle venait de faire face ne devaient être que des novices. Cela avait été bien trop facile. Le pire était encore à venir, elle en était certaine et il fallait qu’elle décampe sur-le-champ. 


La jeune femme retourna jusqu’à son immeuble. En voyant la porte barricadée, elle se rappela qu’elle y avait enfermé Drew. Le garçon était toujours à terre, ses yeux grands comme des soucoupes. Il avait l’air en état de choc. Daisy l’aida à se relever avec force. Il ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. L’ancienne amazone n’avait plus de temps à perdre, il fallait qu’elle plie bagage, elle n’avait pas le temps d’attendre que Drew sorte de sa torpeur. Alors elle décida de se montrer dure envers lui. Comme elle l’avait été depuis le début. C’est la seule chose qui avait l’air de fonctionner avec le jeune homme. 


- Je veux que tu rentres chez toi et que tu n’en sortes plus sauf si c’est absolument nécessaire. Barricade les portes, ordonna la jeune femme.

- Mais... mais... balbutia le garçon.

- Rentre chez toi ! hurla Daisy.


Il ne fallut pas le lui répéter une troisième fois. Drew quitta l’immeuble presque en courant, une expression de pure terreur sur le visage. Il tituba sur un cadavre au passage, avant de disparaître entièrement de la vue de Daisy. Soufflant un grand coup pour relâcher la pression, la jeune femme se précipita jusqu’à ses appartements et en un rien de temps, elle était prête à ficher le camp de Cronos à jamais. 


Chapitre 9


En mettant les dernières affaires dans son sac de voyage, Daisy sentit une présence derrière elle. Par réflexe, elle sortit une dague qu’elle avait récupérée, il y a un instant en cas d'éventuelle nouvelle attaque. Elle jeta l’arme derrière elle, sans même se retourner. C’est alors qu’elle entendit une plainte, une exclamation de stupeur et de douleur aussi. Mais là encore, elle ne prit pas la peine de tourner la tête. Elle avait directement su de qui il s’était agi. Drew. Il était revenu. Cela surprenait quelque peu l’ancienne amazone. Vu l’expression de pure terreur qu’y était apparue sur le visage du jeune homme, un peu plus tôt, elle ne pensait pas le revoir de sitôt. Mais en y réfléchissant un peu plus, elle aurait peut-être dû s’y attendre. 


- Tu aurais pu me tuer ! s’écria soudainement le garçon, qui avait les yeux fixés sur la dague qui l’avait loupé de quelques millimètres, n’effleurant que légèrement son oreille. 

- Si j’avais voulu te tuer, tu serais déjà mort, répondit sèchement Daisy. Qu’est-ce que tu fous encore ici ? Je t’avais dit de partir !

- Je veux savoir ce qui s’est passé, exigea Drew, perdant le peu de courage qu’il avait accumulé pour formuler cette requête quand Daisy posa son regard froid sur lui.

- Ce qui s’est passé aujourd’hui est au-delà de toi. Tu ne pourrais jamais comprendre, alors rentres chez toi et n’en sors plus jamais, de préférence.

- J’ai failli être tué, je pense que je mérite de savoir pourquoi.

- Je n’ai pas le temps ! s’emporta Daisy. Il faut que je parte d’ici et tout de suite !

- Elles vont revenir, c’est ça ? 

- Il y a des chances qu’elles soient déjà là alors tu ferais mieux de déguerpir si tu ne veux pas te faire tuer pour de bon, parce que je n’ai pas l’intention de te sauver une seconde fois. 

- Tu les as tous tuées, comme si cela avait été la chose la plus banale au monde. De sang-froid, sans flancher une seconde. Qui es-tu ? 

- Écoute Drew, toute vérité n’est pas bonne à entendre. Oublie ce que tu as vu aujourd’hui. Oublie tout, même moi. Surtout moi.

- S’il te plait, j’ai besoin de comprendre. J’ai peur, avoua soudainement Drew.

- D’accord, je vais te faire un topo rapide, mais après ça, il va vraiment falloir que tu partes d’ici.


Drew prit une inspiration profonde, soulagé. Il avait besoin de savoir, de comprendre. Daisy entama immédiatement son récit, ne laissant pas le temps au jeune homme de reprendre ses esprits, elle n’avait plus de temps à perdre. Elle raconta d’abord l’histoire des amazones et de DIANE, en très condensée, mais elle n’avait pas le temps d’entrer dans les détails. Puis elle raconta sa propre histoire au sein du groupe de guerrière, jusqu’à sa fugue, son arrivée à Cronos et son combat pour éradiquer pour de bon le groupe de guerrière. Drew en resta bouche-bée, il n’arrivait pas à croire ce qu’il était en train d’entendre, tout cela lui paraissait si surréaliste. 


- Je... je ne... bégaya le garçon.

- Je t’ai raconté toute l’histoire comme tu me l’as demandé. Maintenant, il faut que tu rentres chez toi et moi, je dois ficher le camp d’ici. Alors on se bouge ! 


Voyant le peu de réaction de Drew, Daisy le saisit par le col de sa veste et le traîna avec elle jusqu’à la sortie du bâtiment. Une fois dehors, elle le poussa dans la direction qu’il devait emprunter pour rentrer chez lui. Mais le jeune homme se ravisa et revint vers la guerrière qui était déjà en train de partir dans le sens opposé. 


- Atta... attends ! appela Drew. Je viens avec toi, déclara-t-il ensuite fermement.

- Hors de question ! se retourna brusquement Daisy.

- Mais... Pourquoi ? s’étonna Drew.

- Tu oses encore me demander pourquoi ? Mais je vais finir par croire que tu es vraiment stupide. Tu vas venir avec moi et puis tu vas faire quoi ? Hein, sans vouloir t’offenser, mais tu es inutile. Je ne pars pas en vacances, Drew. Je suis en constant danger. Qu’est-ce que je vais faire avec un poids comme toi. Tu seras dans mon chemin la moitié du temps et je n’ai pas le privilège de m’encombrer. En plus, ta famille, tu vas en faire quoi, hein ? Tu y as pensé ? Bien sûr que non, puisque tu es totalement inconscient ! 

- Je sais ce que tu es en train d’essayer de faire. Tu veux me chasser en me disant tous ces trucs blessants, c’est comme ça que tu fonctionnes. Mais au fond, je sais que ce n’est qu’une façade. Sinon, pourquoi tu m’aurais sauvé la vie ? 

- Parce que c’était la bonne chose à faire ! Ça aurait été toi ou un autre, j’aurais agi de la même manière. Tu ne représentes rien pour moi !

- Alors pourquoi tu m’as aidé ? 

- Par pur ennui, si tu veux savoir, avoua Daisy. Je ne ressens rien et je n’ai jamais rien ressenti, c’est comme ça. Je suis et resterais toujours ce que DIANE à fait de moi. Rentre chez toi maintenant, Drew.


Le silence s’installa et Daisy n’attendit pas que Drew réplique quelque chose avant de se remettre en marche. La route était longue. Il fallait tout recommencer depuis le début. Trouver un nouveau chez soi, une nouvelle planque, se créer une nouvelle identité. C’était fatiguant, mais c’était aussi la vie que l’ancienne amazone avait choisie. Une vie solitaire, constamment aux aguets. Drew resta planté sur le bord de la route un long moment sans bouger. Il regarda la jeune femme s’éloigner au loin. Triste et mélancolique. Daisy lui avait apporté un peu d’exaltation et de sécurité dans sa vie. Mais maintenant, elle était partie et il était certain qu’il ne la verrait plus jamais. Résigné, quand l’ombre de la guerrière eut totalement disparu, il se décida enfin à faire demi-tour. Prenant la route jusqu’à chez lui, où il retrouverait sa vie morne et monotone d’autre fois. 


Epilogue


- Regarde, là-bas ! Je les vois, ils sont à table, s’exclama une voix de garçon.

- Oui merci, j’ai aussi des yeux. Je peux très bien les voir, répondit une jeune femme à côté.

- Oh merde ! s’écria soudainement le garçon. Aïe ! 

- Qu’est-ce que tu fous, Drew ? s’énerva la jeune femme. 

- Je me suis cogné la tête, annonça honteusement le dénommé Drew.

- Est-ce que tu veux qu’on se fasse remarquer ? 

- Pardon Daisy.

- T’es vraiment un boulet, s’agaça la dénommée Daisy. Maintenant tais-toi et regarde ! ordonna-t-elle.


Si quelqu’un avait dit à Daisy, une redoutable guerrière et ancienne amazone qu’elle traînerait à partir de ce jour partout avec elle un garçon nommé Drew. Elle ne l’aurait jamais cru. Surtout, quand elle constatait quel cas désespéré le jeune homme était. Il était nul au combat, peureux, refusait de manier une arme quelconque. Ce qui était probablement mieux pour tout le monde. Vu la catastrophe ambulante qu’il était, il risquerait de se blesser ou de blesser quelqu’un involontairement.


Pourtant, avant de quitter Cronos pour toujours, Daisy n’avait pas pu se résigner à le laisser derrière elle. Elle l’avait donc suivi, pour s’assurer qu’il rentre bien chez lui, puis elle s’était postée un peu plus loin, là où les parents du garçon ne pourraient pas la voir, mais là où elle était sûre qu'il la verrait. La guerrière n’avait pas eu à attendre longtemps avant qu’il ne pointe le bout du nez, et c’était tant mieux. Le danger était toujours omniprésent, Daisy pouvait le sentir. Le moins de temps elle perdrait, le mieux se serrait. Le garçon ne lui avait d’ailleurs pas posé de question. Il s’était juste ramené avec son sac à dos et ensemble, ils s’étaient mis en route. 


Drew n’était naturellement pas resté silencieux très longtemps. Il lui avait expliqué de A à Z comment il avait su qu’elle reviendrait et comment il avait subtilement fugué de chez lui en douce, laissant un bref mot d’explication à ses parents. Daisy ne voulait même pas imaginer la réaction des Washington quand ils se rendront compte que leur progéniture ne rentrerait plus. Ils n’auraient tout simplement jamais dû déménager à Cronos, ce trou à rats dangereux. 


Rapidement, Daisy leur avait dégotté un endroit où passer quelques jours, histoire de faire le point sur la situation et d’élaborer un plan d’action. L’ancienne amazone avait jeté son dévolu sur Railwaypolis. Une ville suffisamment loin de Cronos et une net amélioration par rapport à cette dernière. Drew y serait nettement plus en sécurité. Le taux de criminalité n’était pas aussi élevé. Les gens étaient plus gais et civilisés.  Elle n’aurait pas fait ce choix d’elle-même. Mais en y réfléchissant un peu mieux, c’était peut-être la meilleure décision à prendre et la moins prévisible, d’aller là où on ne l’attendait pas. 


Drew avait suggéré de quitter le continent et l’idée était déjà passée par la tête de la jeune femme, mais elle avait beaucoup trop de choses à régler ici. Elle ne pouvait pas se permettre de laisser son pays derrière elle, en sachant que DIANE sévissait toujours. 


La route fut longue et pénible. Il a fallu aux deux jeunes gens de voyager dans la clandestinité pour ne pas se faire remarquer. Cela n’avait pas toujours été facile pour Drew, mais il avait tenu bon et maintenant, ils étaient tous les deux bien installés dans un petit appartement au centre-ville. Il était toujours plus difficile de se faire remarquer quand il y avait une masse de gens aux alentours. Là, c’est Daisy qui avait dû s'adapter. Même si elle avait été entraîner à s’acclimater à toutes genres de situations, jamais elle n’avait vécu dans un endroit semblable. Mais tout aussi naturellement que Drew, elle s’y était fait. Apportant les changements nécessaires pour se fondre dans la masse. 


C’est son nouveau compagnon de voyage qui avait d’abord suggéré l’idée. Celle de retrouver les parents de la jeune guerrière auxquels elle avait été arrachée étant enfant. Daisy avait d’abord catégoriquement refusé. Puis, par lassitude, elle s’était laissé convaincre par Drew, lui promettant que s’il retrouvait leurs traces, elle l’accompagnerait jusqu’à chez eux. Et cela n’avait pas été évident, mais il y était arrivé après de nombreux mois de recherche. Et c’est quand Daisy pensait qu’il avait complètement abandonné l’idée, qu’il revint à la charge. 


Ils avaient donc plié bagages et étaient partie pour Templeton, petite ville idyllique où apparemment la famille de la jeune femme avait élu domicile depuis de longues années. C’est là qu’ils se trouvaient à présent, devant la maison, à épier le moindre mouvement par la fenêtre. Il faisait déjà noir, c’était l’hiver et le soleil était couché depuis longtemps. Ils n’avaient d’abord rien vu pendant un long moment, avant d’enfin voir apparaître tout un groupe de personnes qui se réunirent autour de la table de la salle à manger pour partager un repas en famille. La jeune femme n’en reconnut aucun. 


- Je crois que la femme debout avec le plat en main, ça doit être ta mère, éclaira Drew. Puis, en partant de sa droite, il doit y avoir son mari, ton père. À côté de lui, son plus jeune fils et en face de lui, ton autre frère et à côté ta sœur.


Aucune émotion ne se manifesta sur le visage de Daisy. Elle ne ressentait rien. Au fond, elle n’avait jamais connu ces gens et ils ne la connaissaient pas non plus. Ils avaient refait leur vie et c’était probablement pour le mieux. Drew l’observa attentivement à la recherche d’une quelconque réaction. Mais la jeune femme ne laissa rien transparaître. 


- Tu veux aller sonner à la porte ? Pour leur parler ? demanda finalement Drew.

- Non, répondit Daisy au bout de longues minutes de réflexion. Allons-nous-en...


Sachant qu’il ne valait pas la peine de protester, Drew acquiesça et aussi discrètement qu’ils étaient arrivés, ils repartirent dans l’ombre de la nuit.

 

- Rentrons à la maison, déclara finalement Drew.

- Oui, c’est ça, à la maison, opina Daisy.

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