Nous étions dans une auberge de jeunesse au Canada et laissez-moi vous dire qu’il ne faut jamais laisser quiconque réserver un logement de vacances à sa place. Ça ne peut tout simplement rien donner de bon.
Nous étions onze. Nous avions réservé deux chambres, l’une possédant huit lits, l’autre quatre. Ça fait douze. Je vous laisse deviner la suite. Nous avions divisé les chambres telles qu’Elvira et Giorgio et moi nous retrouvions dans la chambre à quatre. À notre arrivée, nous avions immédiatement pu constater que le quatrième lit était occupé. Il fallait s’y attendre.
Nous avions spéculé toute la journée sur l’identité de ce quatrième résident. Quelques indices récoltés dans la chambre nous avaient indiqué qu’il devait s’agir d’un homme. Et nous avions décidé de le baptiser Gunther, allez savoir pourquoi. Peut-être était-ce la chemise à carreaux jaune, blanc et bleu, accrochée à un porte-manteau qui faisait très touriste allemand.
Nous pensions nous retrouver face à un beau jeune homme, nous avons eu droit à un vieux monsieur français obèse. Mais là n’était pas le pire. Effectivement, le pire était encore à venir, la nuit, lorsque, toutes lumières éteintes notre quatrième colocataire s’est mis à ronfler.
Nous n’avions jamais entendu quelqu’un ronfler comme lui. Et pour cause de décalage horaire, nous étions tous sur les nerfs, Elvira, Giorgio et moi. Cette première nuit a réveillé en nous des envies de meurtre bien justifiées. Mais nous avions décidé de laisser passer, pour cette fois. Peut-être que Gunther allait miraculeusement cesser de ronfler lors de la deuxième nuit, peut-être même allait-il tout simplement s’en aller.
Hélas, ce ne fut pas le cas. Notre seconde nuit fut égale à la première et Gunther avait signé son arrêt de mort. La décision fut rapidement prise, si Gunther s’avérait rester encore une nuit, nous l’éliminerions, dès qu’il se serait endormi. Le pauvre homme est effectivement resté une troisième nuit, dommage pour lui.
Nous avions décidé que ce serait moi qui exécuterai l’acte, mon lit était en face du sien, j’avais donc l’accès le plus facile. Je n’y voyais aucune objection, bien au contraire. Et donc, lors de notre troisième nuit, lorsque Gunther s’est mis à ronfler, je suis sortie de mon lit, j’ai pris mon coussin et je l’ai appuyé sur sa grosse tête bien grasse.
Le pauvre ne s’est même pas aperçu de ce que nous étions en train de lui faire subir et bientôt, il a cessé de respirer. Nous étions enfin débarrassés de cet horrible ronflement. La nuit fut belle et calme, nous nous sommes tous réveillés frais et dispos.
Nous n’avions nullement été inquiétés pour le décès de Gunther, il était vieux, possédait quelques problèmes respiratoires, un haut cholestérol, un mauvais cœur. La conclusion fut claire, nette et précise – arrêt cardiaque.
Nous pouvions à présent profiter pleinement de nos vacances. Du moins, c’est ce que nous avions naïvement cru. Mais ensuite, nous sommes rentrés à l’auberge et nous avons rencontré Gunther II, notre nouveau colocataire. Un vieux monsieur, maigre cette fois-ci, français également. Et devinez quoi, son ronflement était encore plus insupportable que celui de Gunther I. Nous étions maudits.
Laissez-moi vous dire que nous avions rapidement pris une décision à son sujet. Je vous laisse deviner la suite.
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