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Partie 1
C’était lors d’un jour pluvieux que je l’ai rencontré. Il faisait gris, on aurait pu dire que la nuit était déjà en train de tomber, alors qu’il n’était que quatorze heures de l’après-midi. Une fine pluie tombait du ciel, venant s’écraser aléatoirement au sol. Bref, on aurait pu dire que c’était une journée de merde. Surtout pour moi, qui détestais la pluie. Mais qu’importe, puisque c’est à ce moment précis que je suis tombée sur lui en sortant de la gare. Enfin, je l’ai plutôt d’abord entendu, je ne l’avais pas du tout remarqué en sortant à l’extérieur, j’étais bien trop occupée à essayer de me couvrir du mieux que je pouvais avec ma fine veste. Quand j’ai entendu ce son, tellement pure et brut, je n’ai pu que m’arrêter, malgré la pluie que se faisait de plus en plus violente. Je me suis stoppée net dans ma marche et je suis immédiatement partie à la recherche de la provenance cette incroyable et douce musique de guitare. Il ne m’a pas fallu aller bien loin, puisqu’il était là, assis par terre, son étui de guitare posé devant lui, juste devant l’entrée de la gare. Je suis directement allée à sa rencontre, il le fallait, je ne pouvais pas laisser passer ça, il était tout ce que j’avais toujours recherché. Je me suis accroupie devant lui pour mieux le voir et pour qu’il m’entende mieux, mais je l’ai d’abord écouté terminer sa chanson.
- Hey, l’ais-je salué
Il a relevé la tête, l’air surpris de me voir, je pense qu’il ne m’avait pas encore remarqué, il devait tellement être absorbé par ce qu’il faisait, c’est aussi ça ce que j’ai aimé chez lui, sa passion. Il jouait comme si rien d’autre n’avait d’importance, comme si plus rien autour de lui n’existait.
- Hey, m’a-t-il salué en retour
- Je ne voulais pas te déranger. Me suis-je excusé auprès de lui. C’est juste que, je trouve que ce que tu fais est absolument magnifique, il fallait tout simplement que je vienne te voir ! Ais-je déballé avec enthousiasme.
- Eh bien, euh…Merci. M’a-t-il répondu timidement
- Au fait, je m’appelle Rosemary, juste Rosemary, sans nom de famille. Me suis-je présentée
- Hum, moi c’est Cruz… M’a-t-il répondu
- Toi non plus tu n’as pas de nom de famille ?
- On va dire que c’est mon nom de scène, en quelque sorte
- Je vois, c’est assez sympa
- Eh bien, merci
- Bon, je ne vais pas tourner autour du pot, mais si je suis venue te voir, c’est en partie parce que je suis en quelque sorte le manager du groupe de mon cousin. Bon, on n’est pas très connu, mais qu’importe. Et donc, je pensais, non en fait, je suis certaine que tu serais une addition parfaite au groupe ! Lui ai-je balancé d’un coup
- Je…Je ne sais pas quoi dire en fait
- Eh bien, ne dis rien. Ou du moins, pour le moment. Je vais te laisser mon numéro de téléphone, ainsi que l’adresse de mon appart et celle où le groupe répète. Comme ça, si jamais t’as envie de venir nous voir, t’es le bienvenu. Ou même si tu veux passer chez moi pour en discuter, ou m’appeler, c’est comme tu le sens.
- Bon, euh, okay… Je vais… Je vais y réfléchir
- Réfléchis-y ! Tu vas voir, tu ne le regretteras pas. Ils sont excellents et ils ont beaucoup de talent, comme toi !
- Okay, ça marche…
- Bon, je vais pas te déranger plus longtemps. Je vais te laisser déployer ta belle musique aux oreilles des passants. Voilà, mes coordonnées. Passe une bonne journée en tout cas et au plaisir de te revoir très prochainement.
- A plus, merci
- Ah oui, avant que j’oublie, tiens. Lui ai-je dit en lui tendant un billet de vingt euros que j’avais dans la poche. C’est pour le dérangement.
- Oh, mais t’es pas obligée de faire ça. M’a-t-il répondu, gêné
- C’est avec plaisir ! Bon ciao. Ai-je conclu en m’éclipsant rapidement pour ne pas qu’il puisse me refuser l’argent.
Je repris ma course, sous la pluie et peu de temps après que je l’eus quitté, je pus à nouveau entendre ce doux son provenant de sa guitare et qui me remplit les oreilles.
Quelques jours plus tard, je me retrouvais, comme à mon habitude, dans le garage de la vieille maison de Jagger, un des guitaristes du groupe Very original band, le groupe dont je suis la manager, enfin, en quelque sorte. C’est là où nous avions, enfin, où ils avaient pris l’habitude de répéter, je ne faisais qu’observer. Je n’avais encore rien entendu de la part de Cruz, mais je ne désespérais pas, je savais bien que, tôt ou tard, il finirait bien par se manifester. Et je n’avais pas eu tort, car c’est bien le jour même que nul d’autre que Cruz vint pointer le bout de son nez au garage. Il était arrivé tout timidement, un peu perdu, regardant un peu dans tous les sens. Quand je le vis, j’allai immédiatement à sa rencontre.
- Cruz ! L’ai-je interpellé. Contente de voir que tu as décidé de te joindre à nous.
- Euh, oui, en fait, je serais venu plus tôt, mais j’ai eu du mal à trouver, a-t-il balbutié
- Viens, les gars sont en train de jouer un morceau, l’ai-je invité. Dès qu’ils ont fini, je te les présente
Je l’emmenais à l’intérieur où les gars étaient en train de jouer un de leur morceau phare et un de mes préférés Cynical serenade. Ils en étaient à la meilleure partie, un solo de guitare lourd et puissant, comme je les aime. Je ne pus que penser qu’avec le talent de Cruz, il serait encore meilleur. Quand ils eurent fini la chanson, j’attirai leur attention.
- Bon les gars, vous vous souvenez que je vous avais parlé de ce gars que j’avais rencontré dans la rue et qui jouait super bien de la guitare, ai-je lancé en constatant que Cruz rougissait au fur et à mesure que je le complimentais. Eh bien, le voilà. Je vous présente donc le grand Cruz ! Me suis-je exclamée
- Hum, salut les gars, a-t-il salué timidement
- Hey ! a salué Zaccai, mon cousin et le leader et formeur du groupe. Moi c’est Zaccai, je suis le chanteur.
- Hey, mec, enchanté
- Laisse-moi te présenter le groupe, ai-je interrompu. Alors, donc il y a Zaccai que tu viens de rencontrer. Puis, il y a Jagger, qui est le guitariste du groupe, Jett à la batterie et puis Pax à la basse
- Ravi de te connaitre mec, a salué Jett. On a entendu que du bien de toi !
- Ouais, a intervenu Jagger, on a hâte de voir ce que tu as dans le ventre ! Ou du moins dans les doigts
- En fait, j’ai pas amené ma guitare… J’étais pas… Enfin, j’étais pas sûr de jouer
- T’en fais pas mec, j’en ai une à te prêter. Tiens, elle est juste là, derrière le canapé. A indiqué Jagger
C’est sans perdre une seconde de plus qu’ils se sont mis à jouer. Ils ont juste dû se mettre d’accord sur la chanson, vu que Cruz ne connaissait pas encore celles du groupe. Ils ont jeté leur dévolu sur la chanson Dear Rosemary des Foo Fighters. Je n’ai pas pu m’empêcher de sourire au clin d’œil, en plus j’adorais le groupe. Je me suis donc installée sur le canapé et je les ai regardé faire. Et, je dois dire que c’était un vrai plaisir à regarder. Non, seulement Cruz donnait le meilleur de lui-même, c’était encore mieux que ce que j’avais pu entendre dans la rue, mais aussi, il s’accordait parfaitement avec les autres membres du groupe, comme s’ils avaient joué ensemble toutes leur vie.
- Woah mec ! S’est exclamé Zaccai. C’est que tu envoies !
- Oh, merci, c’est sympa mec. C’est que vous jouez assez bien aussi
- Il faut que tu te joignes à nous, on peut pas te laisser filer ! S’est empressé de dire Jett
- Je… Eh bien… C’est d’accord
- Génial mec ! Si avec ça on n’arrive pas à décollé alors je comprends vraiment pas, s’est enthousiasmé Zaccai
- Il y a juste une chose… c’est que j’ai pas vraiment de domicile fixe
- Ah ! mais ça, y’a pas du tout de problème. Ai-je répondu. Tu peux emménager avec moi et Zaccai, il y a juste la place qu’il faut dans notre appart
- Oh, mais vous êtes sûr ? Je veux dire, c’est beaucoup trop
- Mais oui, tant que tu te joignes à nous, je m’en fous radicalement ! Y’a toute la place qu’il faut. Me suis-je écriée
- Bon, d’accord alors
- Tu as toujours mon adresse, right ?
- Oui, oui
- Super, alors t’as qu’à aller chercher tes affaires après la répet et puis tu emménages !
- Ça marche
- Bon, alors, on s’y remet, a interrompu Zaccai. On a qu’à faire des covers aujourd’hui, puis on montrera notre matos à Cruz
Ils se remirent à répéter et comme à mon habitude je restai installée sur le vieux canapé vert pale du garage de Jagger. Je jubilais intérieurement, Cruz avait quelque chose de spécial. Certes, le groupe était déjà excellant, mais là, je sentais que quelque chose allait changer pour nous. Je savais que c’est là que tout allait commencer pour nous et je n’avais pas tort.
Partie 2
Nous avons débuté comme tout bon vieux petit groupe à la débauche, dans des cafés et bars miteux, bourrés de pervers qui ne cessaient de me reluquer et qui n’en avait que faire de notre musique. Non seulement, c’était humiliant pour moi et pour eux, mais je voyais que ce peu d’intérêt que leur portaient les spectateurs (si on pouvait les appeler comme ça) leur minait vraiment le moral. Jour après jour, c’était le même carnage, il y avait parfois même des moments où on devait subir les hués de ces animaux sans aucun respect et aucune valeur. Ils nous balançaient aussi parfois des bières à la gueule.
Tout cela avait naturellement fini par créer des tensions dans le groupe, certains voulant déjà arrêter, comme Cruz, qui préférait nettement retourner à la rue, ça en disait donc large sur notre situation. Rien ne se passait comme on l’avait désiré et je voyais que certains membres du groupe commençaient à mettre la faute sur moi. J’étais, après tout leur manager, en quelque sorte, même si à côté, j’avais un autre job (il fallait quand même gagner sa vie). Mais je faisais vraiment de mon mieux. Ce n’était pas évident du tout de leur dégoter le concert du siècle dans un tel trou pourri, en plus, nous étions nouveaux. Personne ne voudrait de nous dans les salles de concert prestigieuses.
J’avais donc décidé, après tous ces désastres, de leur imposer une pause bien méritée. Ils en avaient grandement besoin pour se retrouver en phase avec eux-mêmes, c’était indéniable. En plus, il leur fallait ce repos bien mérité pour qu’il se remettre à composer, parce que là, avec tous ces malheurs, l’inspiration les avait complétement délaissés, et il ne piochait que dans leur ancien répertoire assez maigrichon agrémenté de covers de groupes connus. Donc, s’ils voulaient un tant soit peu évoluer, il fallait largement se mettre à composer.
C’est là que j’ai enfin retrouvé les gars que je connaissais d’avant, ceux que j’aimais tant. On s’était tous enfermé chez moi, là où j’avais aménagé un petit studio, rien de bien grand ni de sophistiquer, mais qui ferait néanmoins l’affaire. Et ils se sont mis à composer, ce fut assez naturel, comme si tout ce qui s’était passé avant était loin derrière eux. Tout se passait de manière assez aléatoire, comme il avait l’habitude de le faire, ils y allaient au feeling, quelqu’un envoyait un son de guitare ou de batterie et les autres suivaient et c’est comme ça que la plupart des chansons naquirent. C’était un processus merveilleux à expérimenter, je n’étais qu’une spectatrice, je ne voulais en rien entacher les merveilles qui étaient en train de se créer là, car il s’agissait réellement de merveilles.
Une fois qu’ils avaient commencé, rien ne pouvait plus les arrêter, ils étaient comme hypnotisés par la musique, épris de celle-ci, comme s’il n’y avait plus que ça pour eux. Et c’est ça, j’en suis sûre, qui fera d’eux un groupe vraiment fantastique. Parce qu’ils vont mettre sur table une musique dès plus vraie et authentique qu’il soit. Une musique qui envoie du lourd, une musique qui touche, une musique qui a du sens. L’album fut d’ailleurs terminé assez rapidement, quelques semaines et le tour était joué. Et le résultat final, quel résultat final ! Je n’en revenais pas, c’était la meilleure chose qu’ils aient produite et j’avais eu raison, Cruz apportait vraiment ce quelque chose de plus au groupe, sans lui, le rendu n’aurait pas été pareil et tout le monde était d’accord avec moi.
Je pense qu’il avait dû en être soulagé d’ailleurs, parce qu’il faut dire que ces performances en live n’avaient pas été à la hauteur de ce à quoi on s’attendait de sa part, tant il était stressé. Il n’avait pas l’habitude de faire du live, mais quand, en plus de ça, c’était avec un public aussi délicat, ça avait été vraiment difficile pour lui. Mais là, lors de l’enregistrement, il avait tellement été à l’aise et j’avais enfin retrouvé le Cruz que j’avais rencontré dans la rue, il y a de ça quelques semaines.
Loin des studios d’enregistrement, maintenant que leur premier album était bouclé, les concerts miteux avaient repris, au grand damne du groupe. Mais bon, il fallait bien vivre et puis, c’était actuellement le seul moyen qu’ils avaient pour se faire connaitre rien qu’un tout petit peu. En tant que leur manager, je leur trouvais des endroits où jouer, même si c’était loin de les satisfaire et qu’ils ne manquaient pas de manifester leur mécontentement envers moi.
Mais, ce qu’ils ne savaient pas, c’est que j’avais plus d’un tour dans ma poche et que je n’allais certainement pas me contenter de cette situation qui en ferait pitié à plus d’uns. Le groupe méritait bien mieux que ça. C’est donc seule et dans le plus grand secret, pendant que le groupe se démenait sur scène que je suis allée à la recherche de nombreuses maisons de disques à qui faire écouter le petit bijou qu’avait créé very original band.
Ce ne fut pas mince affaire, je peux vous le dire. Qui voudrait prendre une gamine qui débarque de nul par au sérieux. J’ai donc encaissé refus après refus et je dois avouer qu’au début, ça m’avait un peu miné le moral. Mais c’est en voyant les gars, un soir, après un concert particulièrement désastreux, que je me suis dit que je ne pouvais tout simplement pas abandonner. J’ai donc continué ma quête à la recherche de LA maison de disques qui voudrait bien de moi et de mon groupe et à force de persister je suis enfin tombée sur quelqu’un qui a bien voulu m’écouter.
- Et pourquoi, oh oui, pourquoi devrais-je perdre mon temps à écouter ta démo ? M’avait-il balancé à la figure assez vulgairement. Non, non, attends, laisse-moi deviner. Parce qu’ils sont juste géniaux, blah, blah, blah, se sont les prochains Stones, c’est ça ? S’était-il moqué de moi en tirant sur sa cigarette avant de me recracher la fumée au visage
- Parce que c’est quelque chose de spécial et d’unique. Quelque chose qui va changer des vies, quelque chose qui vous emporte loin, dans cet endroit où tout va bien, votre petit coin secret. Parce qu’ils donnent tout, parce que leur musique ne ressemble à aucune autre et qu’ils envoient du lourd et parce que…
- Ça va, ça va, j’en ai assez entendu
- Ecoutez au moins cet album, je vous le dis vous ne le regretterez pas. Et puis, si vous refusez, vous ne pourriez plus jamais vous débarrasser de moi ! Je vous harcèlerais jour et nuit, jusqu’à vous en faire devenir fou !
- C’est qu’elle est tenace la gamine ! J’aime ça ! Allez, donne-moi ce fichu disque et fiche-moi le camp d’ici
- Seulement si vous me promettez de vraiment l’écouter et de ne pas le jeter à la poubelle dès que j’aurais le dos tourné
- Oui, oui, c’est promis
- Voici ma carte, j’attends un retour de votre part, et si je n’ai rien d’ici quelque temps, je reviendrais, encore et encore
- Oui, chef ! Allez, maintenant hors de ma vue, j’ai autre chose à faire que de t’entendre baratiner des conneries ! M’a-t-il chassé
Et c’est comme ça que j’avais réussi à faire écouter notre premier album à une maison de disques et pas des plus petites non plus. J’étais persuadé que s’il était sous le charme de l’album, (ce qui ne faisait aucun doute pour moi), la collaboration serait d’enfer et le résultat juste excellant. J’annonçai la nouvelle au groupe le soir même, histoire de leur remonter un peu le moral. Ils étaient tous surexcités, même si je leur avais dit que rien n’était encore définitif. Néanmoins, cela me fit un grand bien de leur voir retrouver le sourire.
Partie 3
J’avais entendu parler de ce concours par le plus grand hasard sur les réseaux sociaux et après avoir réussi à faire en sorte qu’une grande maison de disques écoute le premier album du groupe, je me suis dit, pourquoi pas. Tant que la chance était de notre côté, autant en profiter. Il s’agissait d’un des plus grands groupes de la scène rock ‘n roll, Smashing, qui envoyait du lourd depuis les années 80 et ils proposaient à des petits groupes comme le nôtre, de se filmer en live et d’ensuite leur envoyer la vidéo, ils procéderaient ensuite à un vote et le grand gagnant aura l’honneur de partir en tournée avec eux. Et pas n’importe quelle tournée, mais bien une tournée mondiale, s’il vous plait. Imaginez la publicité monstre que ça ferait au groupe si on arrivait à gagner cette récompense, ce serait juste immense. Je n’ai pas dû réfléchir bien longtemps avant d’y inscrire Very original band.
Je ne leur avais pas dit, comme pour la maison de disques. Histoire de ne pas les décevoir s’ils ne seraient pas pris et puis, pour ne pas les stresser pour rien non plus. J’avais l’intention de faire venir un de mes bons amis, Kyle, qui était assez doué pour filmer pour le faire enregistrer un de leur concert pour ensuite l’envoyer. Je voulais qu’ils soient le plus naturel possible et qu’ils se montrent comme ils l’étaient vraiment, sans en faire des tonnes, c’est pour ça aussi que j’ai gardé tout ça secret. Qui sait comment ils auraient pu se comporter s’ils avaient été au courant, je pense que le résultat aurait été loin de ce que j’ai pu obtenir au naturel.
Depuis que je leur avais annoncé que la maison de disques voulait bien écouter leur album, c’est comme s’ils avaient retrouvé l’envie que j’avais l’impression qu’ils avaient un peu perdu, au fil des petits concerts un peu pourris qu’ils enchainaient. Toutes leurs prestations étaient juste immenses, à l’image de ceux que j’avais connu au tout début. Les sets étaient plus longs, plus puissants et parfaitement joués. Je savais donc qu’en les filmant lors d’une de leur très bonne soirée de concert, on avait de très bonnes chances de gagner ce concours. J’avais toute la confiance en ce groupe que je suivais depuis le début et que j’avais vu se former petit à petit.
Le grand soir arriva assez rapidement. Mon ami, Kyle le cameraman était déjà en place, je lui avais dit de se montrer très discret, pour ne pas éveiller les soupçons, j’avais entièrement confiance en lui et son talent, il ne manquait plus qu’aux groupes de tout déchirer ce soir. Mais ça, je savais que c’était déjà gagné, parce que ce soir encore, dans les coulisses, je m’étais trouvé en face de cinq garçons plus que motivés. Quand la pendule afficha vingt heures, il était temps pour eu d’aller sur scène et le show pouvait commencer.
Comme je m’y attendais, ils avaient à nouveau été énormes, le concert avait duré plus de deux heures et j’en avais été plus que satisfaite. Après avoir félicité le groupe pour leur grande prestation, je suis immédiatement allée retrouver Kyle, pour qu’il me montre le fruit de son travail et quel résultat. Il avait vraiment réussi à les mettre en valeur, comme je le voulais et tout était hyper bien fait, j’étais juste super satisfaite de son travail et sans plus attendre, je me saisis de mon PC, que j’avais toujours avec moi, pour envoyer la vidéo au groupe Smashing. Il ne me restait plus qu’à attendre deux semaines pour le résultat. Je croisais tout ce que j’avais, doigts, mains, pieds, pour que nous puissions le gagner, ce serait juste merveilleux.
Le temps me parut soudain plus long, j’étais tellement impatiente de découvrir les résultats. J’avais entièrement confiance au groupe et je savais qu’on avait d’énormes chances de gagner, sans vouloir me vanter. Il fallait dire que Very original band n’était pas un groupe banal, ou du moins, pas pour moi. Ils étaient spéciaux et j’étais certaine que Smashing, ou quiconque s’occupait du concours, le verrait aussi.
En attendant, je gardais toujours mon projet secret, même si j’aurais pu leur dire après que la vidéo fut réalisée, étant superstitieuse, je ne préférais pas, au risque de nous porter malheur, alors je n’ai rien dit et j’ai fait comme si de rien n’était. Même si j’étais un peu plus excitée que d’habitude, je ne pense pas qu’ils l’aient vraiment remarqué, ils étaient beaucoup plus focus sur le groupe et sur leurs prochains concerts.
Les deux semaines me parurent durer une éternité, mais enfin le grand jour arriva. J’étais plus excitée que jamais, j’y croyais vraiment. La grande annonce devait avoir lieu vers 17 heures, je mourrais d’impatience. Il n’était que midi et je ne savais plus que faire pour m’occuper l’esprit. Une heure, deux heures, trois heures de l’après-midi. Il me restait plus que deux heures à patienter. Je me suis levée de mon canapé pour me rasseoir immédiatement après. Je me suis relevée, j’ai fait un tour dans mon appartement, je me suis à nouveau assise. J’ai essayé de regarder un film pour passer le temps, mais rien à faire, je n’arrivais pas à me concentrer. Puis la pendule a affiché quatre heures de l’après-midi, plus qu’une heure.
La pendule a enfin affiché 17 heures, au bout de ce qui m’a paru être une éternité. Je me connectai immédiatement sur le site du concours et j’attendis, mais rien. Alors je me reconnectai au site, encore et encore et ça pendant une demi-heure et c’est au bout de trente minutes que quelque chose s’afficha enfin sur la page du concours. Les résultats étaient enfin arrivés. J’ai retenu mon souffle et j’ai rapidement lu l’annonce et c’est là que je le vis, notre nom, le nom du groupe, nous avions gagné ! j’en restai bouche-bée. Nous l’avions fait, encore une fois, le karma avait été de notre côté et voilà que nous allions partir en tournée avec un des plus grands groupes de rock qui ait jamais existé.
Je ne pus m’empêcher, après le choc, de sauter partout dans mon appartement et de crier ma joie. Il fallait que je l’annonce immédiatement au groupe, ça risquait d’être la fête ce soir. Je me suis alors immédiatement précipité en dehors de mon appartement et j’ai pris la route pour le garage de Jagger, où le groupe devait répéter aujourd’hui. Il était tous là quand j’arrivai, instruments à la main, en train de répéter un de leur morceau phare, Sarcasm, un de mes morceaux préférés. Bien qu’existée, je les laissai terminer et ensuite, je leur priai de s’asseoir tous autour de moi, pour leur annoncer la bonne nouvelle.
- Alors, les gars, j’ai une excellente nouvelle à vous annoncer. Avais-je débuté
- Quoi, on signe avec la maison de disques ? S’était enthousiasmé Jagger
- Non, non, de ce côté-là, je n’ai encore reçu aucune nouvelle
- Ah, dommage
- Mais qu’importe, puisque vous vous apprêtez à vivre la plus grande aventure de votre vie
- Bon arrête de parler en énigme et crache le morceau. S’était impatienté Zaccai
- Devinez qui part en tourner avec Smashing ! M’étais-je exclamé
- Attends quoi ?
- Vous ! Vous partez en tourner avec le plus grand groupe de rock de tous les temps !
- Attends, tu déconnes là ? M’avait demandé Pax
- Nope
- Et comment tu as réussi une telle prouesse
- Eh bien, il y avait ce concours, et on va dire que je vous y ai inscrit. Il suffisait juste de leur envoyer une vidéo du groupe en train de jouer
- Non mais arrête là, c’est du délire
- Eh oui ! C’est qui la meilleure ?
Ils se levèrent tous et se précipitèrent sur moi, avant que je ne puisse réaliser ce qu’il se passait, ils étaient tous en train de m’étreindre. Je reçus de nombreux remerciements de la part des garçons, ils étaient tous excités comme des fous, moi avec. C’est que c’était une opportunité en or pour nous. Après leur avoir expliqué toutes les formalités, notamment la date du rendez-vous avec Smashing. Comme je l’avais prévu, des célébrations étaient de circonstance. Nous avions donc passé toute la fin d’après-midi à fêter ça, comme il se doit.
Partie 4
Ça y est, c’était enfin le grand jour, le jour du début de la fameuse tournée à laquelle nous avions la chance de participer grâce à notre victoire, haut la main, au concours. J’avais d’abord pensé qu’il ne s’agirait que d’une petite tournée, un ou deux mois tout au plus, pendant l’été. Mais, quand nous avions, pour la première fois, été en contact avec le manager du groupe, pour qu’il nous explique toutes les formalités, il nous avait tout de suite annoncé qu’il s’agissait, non pas d’une petite tournée, mais bien d’une tournée mondiale et qu’elle allait durer un peu plus d’un an. Nous n’arrivions pas à y croire, il n’y avait pas mieux pour lancer le groupe, on ne pouvait rêver mieux. J’avais reçu de nombreuses félicitations quant à la prouesse que j’avais exécutée, il faut dire que, c’était encore mieux que ce que j’avais imaginé.
La tournée devait se dérouler comme ceci : tout d’abord, nous commencerions par une tournée américaine, survolant à peu près tous les états. C’était du pain bénit pour nous, nous qui n’avions que très peu la côte en ce moment chez nous, nous n’étions connus que près de chez nous et encore. Puis l’Amérique latine, c’était mon rêve d’y aller et j’allais enfin pouvoir le réaliser grâce au groupe et au concours. Nous terminerons cette partie de la tournée par le Canada, le gros kiffe quoi. Ça s’annonçait explosif et je ne doutais pas une seconde que la polarité du groupe allait hausser.
La prochaine étape de la tournée devait se dérouler en Europe où nous devions visiter à peu près tous les pays. La France, l’Allemagne, la Belgique, Les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Hongrie, la Roumanie et j’en passe. Encore une fois, une superbe publicité pour le groupe. Déjà d’être connu chez soi, c’est énorme, mais là, se faire connaitre outre atlantique, c’était inespéré. Ensuite, nous devions faire quelques dates en Afrique et la dernière étape de la tournée devait passer par l’Asie. Où, nous commencerions par la Russie, pour ensuite bien explorer le continent, que ce soit en passant par la Chine, le Japon, la Corée du Sud ou encore l’Inde. J’étais surexcitée rien qu’à l’idée de découvrir tous ces pays et je n’étais pas la seule, le groupe ne tenait simplement plus en place, n’ayant qu’une seule envie, c’est que cette tournée débute enfin. Et ça y était, nous étions enfin.
Los Angeles, voilà le lieu de notre première date, on ne pouvait demander mieux, étant donné que c’est de là que nous venions tous. C’était en quelque sorte une manière assez symbolique de commencer cette tournée. Nous partirons en petit novice et nous reviendrons en super star, je n’en doutais pas une seconde. En attendant, nous étions tous réunis dans les coulisses, le concert devait débuter dans quelques heures et nous devions d’abord passer par le sondcheck. Smashing devait nous y rejoindre un peu plus tard pour à leur tour régler tout ce qu’il y avait à régler.
J’avais été impressionné à notre premier rencontre avec le groupe, il faut dire qu’il ne s’agissait pas de n’importe qui, c’était quand même le plus grand groupe de la scène rock ayant jamais existé, enfin selon moi du moins et je ne devais pas être la seule avec cette opinion. La rencontre s’était assez bien passée, il faut dire qu’ils étaient tous vachement sympas, malgré la célébrité, ils avaient gardé les pieds sur terre et ça faisait plaisir à voir. Ils étaient si simples, ça ne me donnait que d’autant plus envie de partir en tournée avec eux. Ils avaient été très encourageant envers nous, enfin, je veux dire envers le groupe, leur donnant nombreux conseils pour qu’ils assurent en live. C’est vrai qu’il y a une énorme différence entre ce que nous faisions avant, nos petits concerts dans de petites salles ou des petits cafés, ne réunissant pas beaucoup de monde et les milliers de personne qui nous attendaient dès ce soir. Tout conseil était donc le bienvenu et c’est donc bien préparé que le groupe allait entamer son premier concert.
L’heure était enfin arrivée, dix-huit heures du soir. Le concert affichait à guichet fermé, dans une des plus grandes salles de Los Angeles. J’avais jeté un coup d’œil par les coulisses de la salle qui se remplissait petit à petit, c’était vraiment impressionnant, tout ce monde. Ils étaient là certes pour Smashing, mais imaginez la fan base qu’on pourrait se crée en faisait leur première partie. Le groupe avait l’air serein avant de monter sur scène, chose que je n’étais pas moi-même. Il faut dire que de voir tout ce monde m’avait un peu donné le tournant et je dois avouer que jamais je n’aurais pu faire ce que s’apprêtait à faire Very Original Band. Il n’avait pas intérêt à se rater, même si nous n’avions rien à perdre, nous avions tout à y gagner et il fallait qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.
- Alors les gars, vous êtes prêts. Leur avais-je demandé
- Comme jamais ! M’avait répondu avec enthousiasme Zaccai
- Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance ! Leur avais-je finalement dit. Donnez tout ce que vous avez et assurez comme jamais !
- Let’s go ! S’exclama Jagger
- Mais avant tout. Coupa Cruz. Je voulais, enfin, nous voulions te remercier toi, Rosemary, sans qui rien de tout cela ne serait possible
- Ouais, on n’en serait pas là aujourd’hui, c’est dingue tout ce que tu as fait pour nous ! Remercia Jett
- Tu es la meilleure manager qu’un groupe puisse souhaiter ! Complimenta Pax
- Oh les gars, vous êtes trop minions ! M’émeus-je
- Very orignal band, c’est à vous de monter sur scène
- Ça y est, on y est vraiment. Affirma Zaccai
- Donnez tout ce que vous avez et Break a leg !
Tout sourire, mes cinq gars se sont précipités sur scène par les coulisses sous les cris enthousiastes des fans présents ce soir. Je les observais plus fière que jamais, j’avais entièrement confiance en eux, cette tournée allait être pour eux une salvation. Il avait enfin l’attention qu’ils méritaient. Même si les nombreuses personnes présentes aujourd’hui étaient en majorité là pour Smashing, il n’empêche que quand mes boys entrèrent en piste, des hurlements excités éruptèrent d’un peu partout et le show pouvait commencer.
Le concert avait été génial, de loin le meilleur qu’ils aient jamais fait. Ils avaient vraiment tout donné et mis le feu à la salle. Ils avaient réussi, en si peu de temps à conquérir le public et je pense, non, je suis sûr que dès ce soir, ils pouvaient ajouter bon nombre des personnes présentes à leur fan base. Je pense qu’ils pouvaient franchement être satisfaits d’eux-mêmes ce soir. Bientôt et grâce à cette tournée, ils feraient, eux aussi, partis de la grande scène du rock ‘n roll, surtout s’ils assuraient comme ça chaque soir. Nous étions tous surexcités après ce premier concert, tant bien que nous nous sommes rendus immédiatement dans notre nouveau tour bus acquit récemment pour la tournée, pour à nouveau faire la fête. Cette tournée s’annonçait prometteuse, à nous la célébrité. Sans vouloir m’emballer naturellement, mais bon, je croyais en eux et en voyant résultat de ce soir, je n’en avais plus aucun doute. Ils avaient quelque chose de spécial, quelque chose d’unique qui ferait d’eux de très grands artistes.
Partie 5
La tournée touchait presque à sa fin et les choses avaient commencé, petit à petit, à se dégrader. Entre la tournée Américaine et l’Européenne avec Smashing, nous avions fait une pause d’un mois et c’est là que nous avions eu des nouvelles de la maison de disques à laquelle j’avais envoyé la démo du groupe. A ma grande surprise, comme à la surprise des garçons, nous avions été acceptés et la maison de disques voulait signer avec nous, s’en était suivi une énorme fête, avec tous nos proches et amis rencontrés en tournée. Mais alors, pourquoi les choses avaient-elles commencées à se dégrader me demanderez-vous. Eh bien, disons qu’avec tout ça, la notoriété du groupe avait haussé d’un ton, la tournée, l’album futur, tout ça avait eu d’énormes répercussions sur les gars et ils avaient décidé qu’il fallait changer plusieurs choses.
Le plus grand changement était celui du recrutement d’un vrai manager pour le groupe. Apparemment, je n’étais plus assez bien pour eux. Ils me l’avaient gentiment fait comprendre au cours de notre petite pause de tournée. Ils avaient trouvé ce type, assez louche et prétentieux en qui je n’avais nullement confiance. J’avais, dès lors, perdu ma place, aussi importante qu’elle ait pu être, auprès du groupe. Julio, le manager, avait bien essayé de me faire dégager en définitif de la vie de Very original band, mais il n’y était pas arrivé. D’abord, parce que j’avais luté et protesté contre lui, mais aussi, parce que, à mon grand soulagement, le groupe m’était encore fidèle. Je veux dire, après tout ce que j’avais fait pour eux, ça me semblait juste logique.
Mais ensuite, nous avons dû repartir en tournée et là, à cause de Julio, je trouvais de moins en moins ma place au sein du groupe. Il faisait en sorte de m’isoler d’eux, j’avais l’impression qu’il essayait de les monter contre moi et je ne savais pas pourquoi. Après tout, je ne lui avais jamais rien fait. La tournée à continuer ainsi, le groupe faisant leur petit bout de chemin avec Smashing, Julio s’occupant d’eux et de leur publicité et moi errant un peu sans but. Heureusement, je pouvais retrouver le groupe après leur prestation pour me détendre avec eux et me rassurer de la complicité que je partageais toujours avec eux, chose à laquelle Julio n’avait encore rien su faire. J’aurais tellement aimé leur dire quelque chose à propos de ce manager plus que douteux, leur manifester mon manque de confiance en lui, mais je n’ai pas pu me résigner à le faire, qui sait si nous aurions pu trouver un autre manager et je n’étais pas, je dois l’avouer, assez compétente moi-même pour m’occuper de cette tâche.
La tournée européenne s’est donc passée ainsi, sous la tutelle de Julio, jusqu’à la fin, où après, nous avions le droit à encore une pause d’un mois pour nous reposer. C’est pendant cette pause que les choses sérieuses (bien que la tournée en elle-même était déjà quelque chose de sérieux) ont commencées. Nous avions profité de notre pause pour enregistrer l’album dont nous avions tant rêvé. Enfin, je dis nous, mais il s’agit bien du groupe et pas de moi. Tout s’était parfaitement bien passé, j’avais insisté pour assister à tout le processus d’enregistrement, ne faisant toujours pas confiance à Julio, mais les choses avaient très bien été, contrairement à ce que j’avais pu penser. L’album devait sortir sous peu, quand nous aurions terminé la tournée. Les choses n’auraient pu s’enchainer plus parfaitement.
Après cela, c’était reparti pour encore quelques mois de tournée. En Afrique et en Asie cette fois-ci, le pied quoi. J’en avais vu des choses pendant cette tournée. Et si, pour le groupe elle avait été bénéficiaire, faisant décoller leur carrière telle une fusée, cette tournée l’avait également été pour moi. J’avais enfin fait ce tour du monde dont j’avais toujours rêvé. Tous ces endroits magnifiques que j’ai pu découvrir, ces cultures, la nourriture, les langages. Mais je m’emballe là, il ne s’agit pas de moi, mais du groupe. Chaque endroit où ils passaient, ils mettaient le feu. Même s’ils n’avaient que trente minutes de set, Very original band arrivait vraiment à capturer le cœur des spectateurs et les fans venaient désormais autant pour eux que pour Smashing.
Partie 6
La fin pour moi était arrivée, je moisissais dans mon minable appartement après avoir perdu le mien, manque de moyens. Le groupe m’avait complètement lâché, après tout ce que j’avais fait pour eux, après tous mes efforts, tout mon dur travail, ils m’avaient abandonné comme une bande d’ingrats. L’album, la tournée, tout cela ne signifiait plus rien pour eux, maintenant qu’ils avaient la notoriété. Moi, je coulais et eux, ils brillaient. Comme j’avais été naïve, si j’avais su. Mais j’aurais dû m’en douter, surtout après l’arrivée de Julio, le manager vicieux en lequel je n’avais jamais eu confiance. Il avait réussi son coup, il avait réussi à m’émanciper de la vie de Very original band et je me retrouvais là où j’en étais aujourd’hui, luttant chaque jour un petit peu plus, noyant mon chagrin sous l’alcool, abusant de drogues et croulant sous les dettes.
La dernière fois que je les avais vus remonte à si longtemps, deux, trois ans peut-être. Je ne sais plus, je ne suis plus assez sobre et seine d’esprit pour être en mesure de m’en rappeler. Après la tournée avec Smashing, leur premier album était sorti, Latest sins, ça avait été un immense succès et s’en était suivi une tournée promotionnelle du disque au Etats-Unis. Là, je faisais encore partie de la team, mais plus pour très longtemps. Je voyais, au fur et à mesure que la célébrité s’installait, que les humble boys que j’avais connu commençaient petit à petit à disparaitre. La célébrité leur montait à la tête et Julio ne faisait rien pour empêcher ça, au contraire, il l’encourageait.
C’était à Los Angeles, bizarrement là où tout avait commencé pour eux, pour nous, que l’aventure s’est terminée pour moi. Je sentais que le gouffre se creusait de plus en plus entre nous, je ne voyais presque plus les garçons, alors qu’avant je passais la plus claire partie de mon temps avec eux. Maintenant, il ne jurait plus que par Julio, Julio notre héros, Julio notre sauveur, blah, blah, blah. J’étais même passé du tour bus du groupe à celui du staff, c’est pour vous dire, l’ingratitude dont ils avaient fait part envers moi. Le concert allait commencer et j’avais été faire un tour dans ma ville natale avant le show, histoire de me ressourcer un peu et je devais rejoindre Very original band après dans les coulisses avant le concert, mais rien ne s’est passé comme prévu.
Il était 17 heures quand je suis arrivée, j’avais pénétré sans trop de difficultés dans le bâtiment et je me dirigeais vers le backstage pour aller voir ce que je considérais encore comme mes boys. Mais c’est là que tout s’est terminé pour moi. Il y avait devant la porte cet énorme body garde qui gardait la porte de la loge des garçons, je ne l’avais encore jamais vu, il était tout nouveau, encore une lubie de Julio, ais-je supposé. Je lui ai montré mon badge, mais il a tout bonnement refusé de me laisser passer, prétextant que je n’étais pas sur la liste.
- Mais quelle liste ! Lui avais-je alors demandé. Et puis vous ne m’avez même pas demandé mon nom !
- T’es pas sur la liste alors tu dégages ! M’avait-il craché au visage
- Je veux parler au groupe ! Ils me connaissent ! J’ai été leur manager au début de leur carrière. Zaccai est mon cousin
- Et moi, je suis le président des Etats-Unis. Se moqua-t-il
- Laissez-moi passer !
- Gamine, t’as intérêt à ficher le camp d’ici avant que je m’en occupe moi-même
Je ne comprenais pas ce qu’il était en train de se passer. Depuis quand me refusait-on l’accès aux loges ? La veille encore, j’avais pu y passer. Tout cela n’avait pas de sens. Je fis des allers-retours pendant, je ne sais combien de temps, tentant de trouver une solution quelconque à mon problème, mais rien ne me vint à l’esprit. Ce n’est que quand je vis Zaccai arriver, que je me crus sauvée. Oh ! Comme je me trompais.
Il arrivait, lui aussi se dirigeant dans les loges, entouré d’une quantité impressionnante de personnes, toute à sa suite, parmi lesquelles je reconnus sa nouvelle copine, ou devrais-je dire groupie, Baby Jones. Une fille prétentieuse et sans cervelle que je n’appréciais guère. C’était elle qui avait pris ma place dans le tour bus des garçons. Mais je fis l’impasse sur mes sentiments envers cette groupie et je tentai de me frayer un passage vers Zaccai. Chose qui s’est avérée impossible, tant il était entouré. Alors je me suis résigné à crier son nom, misérablement.
- Zaccai, Zaccai ! C’est moi, Rosemary. Avais-je appelé
Et là, je reçus la plus grosse claque de ma vie. Il s’est arrêté, a baissé ses lunettes de soleil qu’il portait toujours depuis peu, m’a lancé un regard d’une prétention sans nom, a remis ses lunettes et a repris sa route. Je n’en revenais pas, comment avait-il osé me snober ainsi, mon propre cousin. Je restais planté là, je ne sais combien de temps, me sentant tellement misérable. C’était la fin pour moi. Après tout ce que j’avais fait pour eux, ils me jetaient comme une vulgaire merde. Je ne méritais pas ça. Résignée, je décidai d’abandonner, à quoi bon après tout, il était clair que je ne faisais plus partie de la team. Je me suis retournée et j’ai quitté la salle de concert, sans regarder derrière moi, c’est la dernière interaction que j’ai eue avec le groupe. Je n’ai plus jamais entendu parler d’eux, sauf à la télé et dans les magazines et je suis retournée à ma misérable existence.
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